Je m'appelle Michel, j'ai trente-deux ans. Je suis employé
dans un grand magasin. Aline, ma femme, travaille à mi-temps au même endroit
que moi, et nous élevons nos deux enfants.
La banalité affligeante de ma vie m'a sans doute poussé à me
passionner pour les secrets de famille de mes amis, au point de parfois être
très indiscret. J'avais l'impression qu'ils avaient une vie étonnante en
comparaison de la mienne.
La seule "originalité" de ma famille était le fait
que mon père soit beaucoup plus âgé que ma mère. Il est décédé alors que je
n'étais qu'un adolescent.
Je n'imaginais pas, ce matin-là, en allant décrocher mon
téléphone qui sonnait, que j'allais apprendre que ma famille avait aussi un
grand secret, une histoire extraordinaire.
Toute ma vie et mes certitudes allaient en être
bouleversées. A l'autre bout du fil, une personne m'annonçait que ma mère
venait d'avoir un accident de voiture. C'était grave, on ne pouvait pas me dire
si elle vivrait. Je me rendis au plus vite à l'hôpital avec Aline. Le médecin
qui m'accueillit m'annonça que, malheureusement, ma mère venait de succomber à
ses blessures. Sous le choc, j'acceptais de le suivre pour reconnaître le corps
de maman. Ce fut une épreuve terrible, mais pas autant que ce qui allait
suivre… Et pas du tout pour les raisons que j'imaginais.
Le médecin me demanda de le suivre dans son bureau:
"Vous comprenez, je vais avoir besoin d'un certain nombre de
renseignements… administratifs… Pour le certificat de décès…"
Il semblait hésitant, comme s'il devait m'annoncer une
catastrophe.
Un peu effrayé, je le suivais, sans imaginer un seul instant
ce que j'allais apprendre.
"Bien, je pense qu'il vaut mieux que les choses se
passent le plus vite et le plus simplement possible?"
J'approuvais d'un signe de tête, toujours inquiet. Le
docteur continua:
"D'abord, quelle est la véritable identité de… cette
personne?"
Il y eut un long moment de silence. Je restais incrédule
face à ce médecin:
"Qu… Sa véritable identité?… C'est ma mère. Elle
s'appelle Isabelle M., son nom de jeune fille était…"
Le docteur m'interrompit poliment:
"Pardon, je comprends… Vous ne savez donc pas…"
"Je ne sais pas quoi?"
"Cette… personne ne peut pas être votre mère!"
"Qu'est-ce que c'est que ces salades? C'est maman! Je
n'ai…"
Encore une fois, le docteur me fit comprendre d'un signe
qu'il avait quelque chose d'important à me révéler:
"Pardon, je comprends que ça va être difficile pour
vous… Je suis sincèrement navré de devoir vous apprendre… que cette personne ne
peut en aucun cas être votre mère!"
J'étais hors de moi. C'était complètement fou! Un médecin
que je n'avais jamais vu avant ce jour là était en train de m'affirmer que
maman n'était pas… maman!!!
"C'est n'importe quoi! C'est ma mère! Elle m'a élevé!
Elle m'a donné de l'amour, de la tendresse! Elle…"
"…Etait un homme!"
M'interrompit le docteur. Je restais soudain silencieux,
complètement abasourdi, comme cueilli par un uppercut. Il continua:
"Je suis sincèrement désolé que vous ayez à apprendre
cela de cette manière… Je comprends votre désarrois, mais… Cette personne est…
Etait… Un homme!… Elle avait toutes les apparences d'une femme. Elle a sans aucun
doute suivi un traitement hormonal… Mais son… son sexe est sans aucun doute
possible masculin."
Je ne savais plus où j'en étais. Je venais d'apprendre par
la plus brutale des manières que ma mère n'était en réalité pas ma vraie mère!…Mais
en plus j'apprenais que c'était un homme!
Je quittais le docteur sans être capable d'ajouter quoi que
ce soit. Heureusement qu'Aline était là, à mes côtés, pour me soutenir. J'étais
complètement effondré.
Il y avait le choc de l'accident, bien sûr! Mais surtout, je
me rendais compte qu'on m'avait menti durant toute ma vie! Toutes mes
certitudes étaient bousculées… réduites à néant! Je passais plusieurs jours à
rester sous le choc, et même à délirer. Les pires idées me venaient à l'esprit:
Qui étais-je vraiment? Qui étaient mes vrais parents? Etais-je un enfant
adopté? Un enfant enlevé? Soudain, toutes mes racines étaient ébranlées. Les
pires idées me venaient à l'esprit. Avais-je été enlevé par un couple
d'homosexuels… Ou pire: de pédophiles pervers? On voit tant d'horreurs dans les
journaux télévisés…
Pourtant, je n'avais que des souvenirs agréables de mon
enfance. Celle (ou celui) que je prenais pour ma mère m'avait donné énormément
d'amour ou de tendresse. Je n'avais aucun souvenir de violence ou de
perversion… Et pourtant je n'étais plus sûr de rien.
Je passais plusieurs jours à mélanger alcool et
antidépresseurs… Je crois que si Aline n'avait pas été à mes côtés dans cette
période, j'aurais totalement sombré. Elle s'occupait de tout.
Une rapide enquête de gendarmerie permit de découvrir que
Isabelle M. (ma véritable mère) avait bien existé, qu'elle était bien l'épouse
de mon père… Mais qu'elle était décédée en 1975… l'année de ma naissance.
Un soir, Aline, qui avait passé une partie de la journée
dans l'ancien appartement de mes parents à faire du rangement, revint avec un
vieux cahier d'écolier. Elle me le tendit en me disant:
" J'ai trouvé ça cet après-midi en faisant le tri des
affaires de ta mère… Je crois que tu devrais la lire…"
Je n'imaginais pas à quel point le journal qui était rédigé
dans ce vieux cahier allait bouleverser mes opinions, mon point de vue sur la
vie… Ma vie tout entière!
Je commençais à lire assez distraitement.
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21 mai 1975
Je ne sais pas comment commencer. C'est le docteur Girard
qui m'a conseillé de rédiger un journal. Il dit que ça m'aidera à surmonter le
deuil.
Je m'appelle Alexandre M., J'ai dix-huit ans. Ma mère est
décédée il y a deux jours.
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Suivent quelques mots illisibles et des ratures… Il y a aussi
des taches qui pourraient être des larmes. Je tournais la page et continuais ma
lecture.
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23 mai
Roger et moi avons vu le bébé pour la première fois.
C'est un garçon. Il s'appelle Michel. C'est mon petit frère. Mon demi-frère.
Maman est morte en le mettant au monde. Roger est son père. Il vit avec nous
depuis deux ans. Il est vraiment sympa… Pas comme mon vrai père, un vrai salaud
celui-là! Il buvait, et souvent, il frappait maman. J'étais content quand on
l'a quitté.
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29 mai
Le bébé est à la maison avec nous depuis quelques jours.
J'essaye de m'en occuper au mieux. Il y a tant de choses à faire! Les biberons,
les couches, les lessives… Et je dois en même temps réviser mes cours. L'examen
du baccalauréat débute bientôt.
Roger travaille beaucoup, et quand il rentre, il est
épuisé. Il boit beaucoup et il ne parle pas… Il me fait peur, je crois qu'il
n'arrive pas à se remettre du choc.
Heureusement que le docteur Girard passe régulièrement
nous voir.
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6 juin
C'est dingue. On avait plein d'amis. Mais maintenant qu'on
a réellement besoin d'aide, on ne peut plus compter sur personne. J'ai demandé
à la voisine de s'occuper de Michel pendant quelques heures pour pouvoir
réviser tranquillement. Elle a refusé, prétextant une course urgente…
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14 juin
C'est fini. J'ai raté mon bac. Je n'ai pas pu laisser
Michel pour me rendre aux épreuves de ce matin.
Qu'est-ce que je vais devenir?
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15 juillet
Tout va vraiment très mal. Roger vient d'être licencié.
Il n'allait plus à son travail depuis plusieurs jours!
Il ne va pas bien du tout! Si le docteur Girard n'était pas là, je ne
sais pas comment on s'en sortirait.
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30 septembre
Tout va mal. Roger est en pleine dépression. Il boit de
plus en plus. On n'a plus beaucoup d'argent, et je suis si fatigué de m'occuper
du bébé.
Je crois que je vais partir. Il faut que j'aille tenter
ma chance ailleurs. Trouver du travail. J'ai 18 ans, rien ne m'oblige à rester!
Roger n'a qu'à s'occuper du bébé. Après tout, c'est lui son père!
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1er octobre
C'est décidé. Je pars cette nuit. J'ai écrit une lettre
d'adieu à Roger… Je ne peux pas rester, c'est trop dur.
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2 octobre
Je n'ai pas pu. J'avais préparé un sac avec quelques
affaires. Je voulais tout quitter. Au moment de m'en aller pendant la nuit,
Michel s'est mis à pleurer. J'ai attendu quelques minutes… Roger ne bougeait
pas. Je n'ai pas pu laisser Michel. Je l'ai pris dans mes bras. Il a
immédiatement arrêté de pleurer. Je me suis assis dans un fauteuil, et il a fini
par s'endormir dans mes bras.
Je ne peux pas le laisser, c'est impossible. Sa maman,
notre maman est morte. Son père est complètement dépassé. Je n'ai pas le choix.
Je dois remplacer maman aussi longtemps que nécessaire.
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Les pages suivantes
du journal ne décrivaient que des péripéties peu intéressantes. Je ne
comprenais pas encore vraiment pourquoi Aline tenait tant à me faire lire ça.
Je me tournais vers elle: elle lisait par-dessus mon épaule: Elle avança sa
main et tourna quelques pages:
"Tiens, j'ai marqué quelques extraits, lis à partir de
là! Tu vas comprendre!"
Suivant ses indications, je me replongeais donc dans ma
lecture:
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6 décembre
Il commence à faire très froid dehors. Le peu d'argent
que Roger peut me donner, je l'utilise pour Michel. Je n'ai plus grand chose à
me mettre. Il fallait bien trouver une solution, alors j'ai sorti d'anciens
vêtements de maman, j'ai trié les pantalons et les pulls, et je les ai essayés.
J'ai trouvé quelques affaires qui me vont, et qui ressemblent à des vêtements
d'hommes.
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12 décembre
C'est bizarre, je me sens bien en portant les vêtements de
maman. C'est un peu comme si elle était là et qu'elle me prenait dans ses bras.
C'est une sensation étrange, si agréable… Il y a longtemps que je ne me suis
pas senti aussi bien.
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14 décembre
Le docteur Girard ou plutôt Philippe (il m'a demandé de l'appeler
par son prénom) est passé aujourd'hui, comme presque tous les jours. Il m'a
regardé bizarrement parce que j'avais mis un ancien pull de maman (angora
rose). Je lui ai expliqué que je n'avais plus rien d'autre à me mettre…
Je lui ai aussi parlé de ces sensations curieuses quand je porte les affaires de maman. On a
beaucoup parlé. Il m'a demandé si j'étais un travesti. Il m'a expliqué que les
travestis sont des garçons qui aiment s'habiller dans des vêtements de femmes,
dans certains cas parce que ça les excite sexuellement, dans d'autres cas, ça
leur apporte simplement une sensation de bien-être…
Il m'a demandé si j'avais aussi essayé des dessous
féminins, ou des robes, des jupes! Bien sûr, j'ai dit que non! Tout ça ne me
serait même pas venu à l'idée!
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16 décembre
Ce que Philippe m'a expliqué l'autre jour me trouble. Je
suis de plus en plus tenté d'essayer d'autres affaires de maman.
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17 décembre
J'ai essayé une robe de maman! C'est une sensation que je
n'arrive pas à expliquer. Je me suis senti si bien dans cette tenue! J'ai
vraiment l'impression qu'elle est là, près de moi, qu'elle me fait un gros
câlin. Je peux presque le sentir…
En même temps, ça m'a fait peur, et je me suis senti
coupable. Je l'ai vite retirée.
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26 décembre
On dit qu'il y a beaucoup de suicides à Noël. Je
comprends pourquoi. Je me suis senti si mal ces derniers jours. Maman me manque
tellement. Philippe a pris quelques jours de vacances, et Roger ne va pas
mieux. Je me sens si seul!
Heureusement que je dois régulièrement m'occuper de
Michel. Ça m'empêche de trop réfléchir.
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4 janvier 1976
J'ai osé porter une robe aujourd'hui en l'absence de
Roger. C'est dingue. Je me sens si bien dans cette tenue. J'ai même attaché mes
longs cheveux avec un ruban.
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6 janvier
J'avais peur que ça arrive. Roger m'a surpris en robe. Il
a levé sa main pour me frapper, mais il s'est arrêté quand j'ai commencé à
crier:
"Mon père était pareil que toi! Toujours à boire et
à cogner quand quelque chose n'allait pas! Je porte ça parce que je n'ai plus
rien à me mettre! Parce que tu es trop minable pour travailler et ramener de
l'argent à la maison! Je suis bien obligé de me débrouiller seul! Je dois
m'occuper de Michel seul! Je me lève toutes les nuits pour m'occuper du bébé!
J'ai raté mon bac et j'ai arrêté mes études, toujours pour m'occuper du bébé!
Et toi? Qu'est-ce que tu fais? Tu bois et tu te lamentes sur ton sort!"
J'ai peur, j'ai crié avec une violence dont je ne me
croyais pas capable. Roger n'a plus rien dit, et il est parti. Il n'est pas
rentré ce soir.
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8 janvier
Toujours pas de nouvelles de Roger. Philippe est passé. Il
m'a promis de lui parler dès qu'il le retrouverait. Je m'inquiète beaucoup.
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11 janvier
Roger est revenu. Nous
avons longuement discuté. Il m'a promis qu'il allait se ressaisir et
arrêter de boire. Il m'a promis qu'il allait vite retrouver du travail.
On a aussi parlé de mon travestissement. Il m'a dit qu'il
avait réagi aussi mal parce que je ressemblais beaucoup trop à maman avec mes
cheveux longs. J'ai essayé de lui expliquer mes sensations de bien être dans
cette tenue… Il veut bien que je continue à m'habiller en femme si je me sens
bien ainsi. Il dit qu'il veut bien tout accepter si je reste pour m'occuper du
bébé. Il m'a promis que cette situation ne durerait pas.
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23 janvier
Aujourd'hui, Roger est rentré à la maison avec une
bouteille de champagne et un bouquet de fleurs! Il vient de retrouver du
travail! On a dignement fêté cet événement. C'est la première fois qu'on a ri
ensemble depuis des mois.
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2 février
Je suis presque toujours en robe ces derniers jours. Je
me sens bien comme ça. Roger a l'air de l'accepter, même s'il m'a dit l'autre
jour en souriant que je pouvais remplacer maman dans notre foyer, mais que je
ne la remplacerais jamais dans son lit…
J'ai peur de comprendre ce qu'il voulait dire. Il voulait
dire qu'il ne coucherait jamais avec moi! C'est assez troublant. Cette idée ne
me serait jamais venue à l'esprit! Je me sens bien quand je suis habillé en
femme, je me sens bien dans le rôle de la maman de remplacement de Michel, mais
je ne suis pas homosexuel… Je ne crois pas.
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Les pages suivantes
du journal racontaient des péripéties banales d'une vie de famille. Je
comprenais enfin qui était celle que j'avais toujours prit pour ma mère. Très
ému, je tournais rapidement les pages pour lire les quelques autres extraits
qu'Aline avait marqués.
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6 février
Philippe m'a proposé de prendre des "vitamines"
pour me sentir encore mieux dans mon rôle de "mère de famille". J'ai
accepté. Il a si souvent été de bon conseil. Même dans les moments les plus
difficiles, il a été présent.
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1er mars
Les choses vont beaucoup mieux. Roger a touché un bon
salaire. Il m'a donné de l'argent en me disant d'en utiliser un peu pour moi.
Je suis allé m'acheter de nouveaux vêtements. Dans les magasins, je n'ai pas
hésité longtemps. Je me suis acheté une nouvelle robe et des chaussures à
talons. Je me sens bien comme ça, j'ai donc décidé de rester en femme!
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3 mars
Aujourd'hui, j'ai eu envie de m'occuper un peu de moi. Je
me suis pomponnée, je suis allée chez le coiffeur. J'étais avec Michel. Les gens que j'ai rencontrés m'ont parlé
comme si j'étais sa maman, ils me
prennent vraiment pour une femme.
Ce soir, Roger et moi avons beaucoup parlé. Il m'a
proposé de m'appeler "Isabelle" quand nous étions en public. Il m'a
conseillé d'être prudente, de m'entraîner à parler de moi au féminin…
Il est redevenu si gentil, si prévenant. J'ai vraiment
l'impression que nous commençons à nous en sortir.
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17 mars
Philippe m'a entièrement examiné aujourd'hui. Il m'a dit
que mon "traitement" est très encourageant, et qu'il faut absolument
que je continue. Je ne sais pas quel genre de "vitamines" il me fait
prendre, mais mon corps commence à prendre des formes féminines. Il s'arrondit
au niveau des fesses et j'ai l'impression que je commence à avoir des seins. Je
me sens de mieux en mieux. Je ne me suis jamais senti aussi proche de maman.
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Plus je lisais, plus je comprenais qui était vraiment celle
que j'appelais "maman". Je revoyais son visage. Son sourire si
tendre, et en même temps, son regard triste.
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19 mai
C'était une journée bizarre aujourd'hui. C'était le
premier anniversaire de Michel, et en même temps il y a un an que maman est
décédée. On a quand même fait une petite fête. Il faisait très beau. Je portais
pour la première fois une petite robe d'été légère qui ne cachait rien de mes
nouvelles formes. Je me suis même un peu maquillée.
On a mis de la musique, et Philippe a voulu danser avec
moi. C'était une sensation bizarre d'être ainsi dans les bras d'un homme. On
s'amusait beaucoup, mais les mains de Philippe qui parcourraient mon corps me
mettaient mal à l'aise. Il a essayé de m'embrasser. Je l'ai repoussé et je lui
ai demandé de partir.
Je comprends mieux pourquoi Philippe était si enthousiaste
depuis le début à propos de mon travestissement. J'ai l'impression qu'il me
désire. Ca me met très mal à l'aise. Il faut que je lui dise dès demain que
c'est impossible… Que je ne suis pas attirée par lui.
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20 mai
J'ai parlé à Philippe. Il m'a reproché d'être égoïste, et
j'ai eu droit à cette phrase que je déteste: "Après tout ce que j'ai fait
pour toi!"
J'espère qu'il n'est pas trop en colère. C'est vrai que
pendant des mois, il a été la seule personne sur laquelle j'ai pu compter.
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26 mai
Philippe et moi nous sommes réconciliés… Mais c'est vrai
que je n'aurais sans doute plus jamais totalement confiance en lui.
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Très émue, Aline tourna les pages pour me montrer un dernier
extrait à lire.
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11 novembre
Aujourd'hui, Roger et moi avons profité de ce jour férié
pour aller nous promener avec Michel "en famille". Il y a eu un petit
événement pendant cette journée. Michel a dit son premier mot. Il m'a appelé:
"Maman!"
C'était très émouvant. Je n'ai pas pu retenir quelques
larmes.
Ces derniers mois étaient terriblement difficiles, mais
maintenant, je sais que j'ai fait le bon choix. Je suis vraiment la maman de
Michel. Cette idée me rend heureuse.
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Je refermais le cahier. Aline était près de moi. Je me mis à
pleurer…
Pendant quelques jours de doute, j'avais imaginé les pires
perversions; j'en étais même arrivé à considérer la personne qui avait remplacé
ma mère comme un monstre… Mais non!
C'était mon frère… Ou plus exactement mon demi-frère qui
avait tout sacrifié pour m'offrir une vie "normale". Il a choisi de
renoncer à tous ses désirs pour que je puisse avoir une maman! Il, ou plutôt
elle, m'a donné énormément de tendresse… Sans jamais rien recevoir en échange…
Je m'en veux.
Pourquoi avait-elle gardé tout cela secret?
C'est si difficile d'apprendre tout cela dans de telles
circonstances!
J'aimerais tellement avoir la chance de lui dire… Mais elle
n'est plus là…
Je m'en veux d'avoir douté d'elle.
Qu'est-ce que je pourrais lui dire si j'en avais la
possibilité?
Peut-être simplement: "Merci… Maman!"
Petit Pierre
Lorsque l'on parle de genre littéraire, c'est souvent pour remarquer des ressemblances de style, des épisodes communs entre les histoires. Si les histoires de féminisation peuvent être un genre littéraire, je dois avouer que celle-ci que je viens de lire est vraiment originale. Un personnage qui se sacrifie pour le bonheur d'un autre, c'est vraiment la première fois que je lis cela. Bravo à l'auteur.
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