dimanche 21 janvier 2018

Auteur original: Tricia

Version originale sur: https://tricias-captions.tumblr.com/

Il y a déjà longtemps que nous n'étions plus à:
  L'école St Joséphine pour jeunes filles (6e partie)

 
 
Il y a un près d'un an, je suis arrivé à l'école St Josephine pour jeunes filles et j'ai renoncé à ma vie de mâle. Pourtant, ça me fait toujours autant d'effet d'enfiler un collant fin sur mes jambes épilées.







Le jour de la remise des diplômes à l'école St Josephine pour jeunes filles est toujours un moment spécial. C'est l'occasion de se souvenir à quel point des filles comme Celine et Meghan étaient empotées quand elles sont arrivées et qu'elles s'appelaient encore Curt et Mark, et de constater à quel point elles sont belles maintenant que leur formation est terminée.







Pendant leur première année à l'école St Josephine pour jeunes filles, les garçons se comportent encore la moitié du temps comme... des garçons.



C'est le début de la dernière année à l'école St Josephine pour jeunes filles, et les filles, naturelles ou créées attendent leur tour pour un entretien avec un recruteur venue d'une école supérieure prestigieuse.  Naturellement, la plupart d'entre elles souhaitent poursuivre leurs études dans un établissement réservé aux jeunes femmes, mais l'école Smith n'accepte rarement plus de 1 ou 2 étudiantes issues de notre école. Il existe d'autres écoles qui recrutent des filles, mais la plupart ne le font que pour des soucis de communication (c'est bien vu d'avoir un maximum de femmes étudiantes), et nous mettons en garde nos élèves contre ce genre d'établissement.



Quand maman m'a envoyé à l'école St Josephine pour jeunes filles, j'étais furieux. J'étais un garçon, pratiquement un homme. Quelle idée de m'inscrire dans cet internat où j'allais devoir porter des robes et me comporter comme une fille. Cela n'allait jamais fonctionner. J'allais rester un gars et pendant les vacances d'été, j'allais remettre mes jeans et mes tee-shirts, et rejouer au base-ball.

Mais quelque chose d'étrange se produisit cette première année. J'ai commencé à aimer me comporter comme on me le demandait. Je commençais à aimer porter des robes. Et j'aimais même beaucoup ça. Je ne portais quasiment plus de jeans à l'école, même quand on me permettait occasionnellement d'enfiler un jean moulant pendant le second semestre.
Le premier été, je n'étais encore que partiellement formé. Je ne me sentais ni une fille ni un garçon. Je restais la plupart du temps à la maison, hors de vue.
Mais aujourd'hui, entre la deuxième et la troisième année, je me sens totalement comme une fille. Quand j'oublie de prendre ma dose d'hormones un jour, je me sens mal. Aucun de mes anciens copains ne me reconnait plus. Mais j'aime leurs regards sur moi quand je marche dans la rue.




vendredi 19 janvier 2018

Un peu de culture (3)

Un travesti malgré lui:

LE CHEVALIER D'EON

(Article trouvé dans une revue datant de 1985: Le Crapouillot - Nouvelle série N°82) 




L'ANNEE 1777 amena chez Rose Bertin, la "marchande de modes" de la reine Marie-Antoinette, un client dont la personnalité intrigua les contemporains et continue à intriguer les historiens: le chevalier ou la chevalière d’Eon...
A la suite de ses démêlés à Londres avec l’ambassadeur de France, comte de Guerchy, le chevalier, chargé d’affaires de Louis XV, devint l’ennemi irréconciliable de ce haut personnage. Quand le comte mourut, son fils hérita de sa haine, tant et si bien qu’après la mort de Louis XV, l’annonce du retour en France du chevalier d’Eon provoqua la colère du jeune Guerchy
qui lança un défi à mort à celui qui avait, disait-il, bafoué son père... La comtesse de Guerchy, affolée, pria le roi de France, Louis XVI, d’empêcher ce duel, étant donné la réputation d’escrimeur remarquable du fameux chevalier.
Louis XVI accepta d’intervenir et, par l’entremise de Beaumarchais, il fit signer au chevalier d’Eon une convention par laquelle il s’engageait à ne plus porter que des vêtements féminins, dès son retour en France, vêtements qu’il était contraint de reconnaître pour ceux de son sexe et qu’il avait portés durant son séjour en Russie... 

(Il avait été agent du "secret du roi", les services secrets de l'époque, auprès de Catherine de Russie, oùil aurait porté le costume féminin sous l'identité de Lia de Beaumont")

Le chevalier d'Eon, officier de dragons
 
Le chevalier d’Eon quitta Londres le 13 août 1777. Il arriva à Versailles le 17, portant encore son uniforme de capitaine de dragons. M. de Vergennes, en le recevant le 27 du même mois,
lui remit un ordre péremptoire : "De par le Roi. Il est ordonné à Charles-Geneviève-Louise-Auguste, André, Thimothée d’Eon de Beaumont de quitter l'habit uniforme de garçon qu’il a coutume de porter et de reprendre les habillements de son sexe, avec défense de paraître dans le royaume sous d’autres habillements que ceux convenables aux femmes. Signé : Louis.
Contresigné : Gravier de Vergennes."
Le chevalier d’Eon, ayant prétexté qu’il ne possédait pas les fonds nécessaires pour se constituer un trousseau convenable, Marie-Antoinette s’interposa et dit : "Eh bien, je me charge de son trousseau !..." Elle lui envoya un éventail accompagné d’une jolie somme : 24 000 livres.
"Dites-lui, précisa-t-elle au messager qu’elle chargea de lui porter ce cadeau, que, pour remplacer son épée, je l’arme d’un éventail et je la fais chevalière!"
La reine l’adressa à la célèbre "marchande de modes", Rose Bertin. D’Eon fut très bien accueilli par la grande couturière et, le 29 août 1777, il écrivit à M. de Vergennes un petit compte rendu de sa visite: "Monseigneur, (...) Pour obéir plus promptement aux ordres du roi que vous m’avez signifiés, ainsi que M. le comte de Maurepas, j’ai retardé de quelques jours
mon voyage en Bourgogne. Le peu de hardes de fille qui me restaient ne pouvaient plus me servir pour me présenter à Versailles, il m'en fallait de nouvelles.
Mlle Bertin, attachée au service de la reine, aura l'honneur de vous dire demain, Monseigneur, qu'elle se charge, non seulement de me la faire pendant mon absence, mais encore de faire de moi une fille passablement modeste et obéissante…
… Après le ciel, le roi et ses ministres, Mlle Bertin aura le plus de mérite à ma conversion miraculeuse.
Je suis, avec un profond respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur…
Signé: Le chevalier d'Eon pour peu de temps encore…"
 
La "chevalière d'Eon"

A la date du 7 septembre 1777, on lit dans "Les Mémoires secrets":
"On sait que l'on garnit deux robes au chevalier d'Eon chez la demoiselle Bertin, la marchande de modes de la reine, et qu'il a déjà soupé chez cette ouvrière une fois habillé en homme, et l'autre vêtu en femme, sorte d'accoutrement dans lequel il a fort mauvaise grâce. Quoiqu'il en soit, tout concourt à confirmer que son vrai nom seul est le féminin…"
L'auteur des faux "Mémoires de Léonard" ne manqua pas de relater le fait, en l'agrémentant à sa façon, et en y mêlant son personnage, le perruquier Léonard.
La présence de cet artiste capillaire n'est pas prouvée, alors que l'on connait le nom du perruquier qui fut chargé de composer pour la chevalière d'Eon une "coiffure à triple étage". Il se nommait Brunet et il exerçait à Versailles, où il habitait dans la rue de la paroisse.
Le récit de la visite du chevalier à Mlle Bertin est cependant très amusant: "Dans les derniers jours d'août, Mlle Bertin m'engagea à souper chez elle pour le lendemain, me prévenant que je me trouverais avec un convive. Je me rendis donc le jour suivant chez mon amie, et j'y trouvais, en effet, un officier de dragons, assez laide de figure, mais parfaitement fait, et dont la conversation facile, brillante, universelle annonçait un homme d'un mérite fort étendu… Je crus que le dragon… avait sollicité la main de la marchande de modes…
… Pendant que les domestiques faisaient le service, je demandais à mon amie pourquoi ce monsieur était là. Mlle Bertin, répondant à ma question par une autre, demanda dans quel but je disais cela… Enfin, la mystérieuse modiste finit par me dire: "Demain, Monsieur Léonard… vous connaitrez le mot de l'énigme… Je vous attendrais encore à souper… Le lendemain… mon amie n'avait pas pour convive le capitaine de dragons, mais bien une grosse, grande, laide dame qui, du reste, ressemblait beaucoup à l'officier de la veille… "Allons, pensais-je, c'est la mère du prétendu…"
- Eh bien monsieur Léonard, me dit Mlle Bertin en riant, est-ce que vous ne me confierez pas le motif de votre préoccupation?
- Je présume, Mademoiselle, que vous le soupçonnez un peu…
- Sans doute; mais, mon ami, pour un homme attaché à la cour, vous êtes bien peu au courant de ce qui s'y passe, si vous ne savez pas que jeudi dernier, on présenta au roi M. le chevalier d'Eon, dont, par ordre de Sa Majesté, j'ai dû m'efforcer de faire une femme, au moins par l'habit… Lorsque, hier matin, en traversant mon magasin, vous me demandâtes pour qui étaient les robes que mes demoiselles garnissaient avec tant de célérité, j'aurais pu vous répondre: pour un capitaine de Dragons!... Et Mme la chevalière d'Eon vient, pour la première fois, d'endosser les habits de son sexe!"
Il y a dans ce récit bien de la fantaisie, mais il y a surtout une erreur historique: le chevalier n'a jamais été présenté à Louis XVI.
C'est à contrecœur qu'il endossa ces fameux habits féminins, ainsi que le prouve une lettre adressée par lui au comte de Vergennes: "C'est un habit de deuil et non un habit de fête… Je veux bien me vouer au malheur, mais non au ridicule!..."
Il quitta Paris pour aller à Tonnerre passer quelques jours avec sa vieille mère. Arrivé le 2 septembre, il y séjourna pendant un mois et demi. Pendant ce voyage, Mme Barmant lui faisait baleiner des corsets et Mlle Bertin surveillait la confection de ses robes du soir!
Une semaine après son retour de Bourgogne, il reprit "sa première robe d'innocence" pour paraître à Versailles, ainsi que l'avaient ordonné le roi et ses ministres.
Un rédacteur de "l'espion anglais" constate que la chevalière portait, pour la circonstance, une robe noire: "Elle est en robe noire, comme veuve du secret de Louis XVI… Elle a la gorge couverte jusqu'au menton pour qu'on ne s'aperçoive pas si elle en manque…"
 Contrairement aux diverses légendes, le chevalier ne prenait aucun plaisir à ce travestissement et s’habituait fort mal aux parures féminines. C’est ainsi qu’il écrivait à la fin de cette année 1777, au marquis d’Autichamp, son ancien colonel : "La perte de ma culotte de peau m’est très sensible. Jamais jupe de soie, ou de fil d’or ou d’argent, quoique faite par Mlle Berlin ne pourra me consoler..."
Mlle Bertin ne demeura pas le fournisseur attitré de la chevalière d’Eon qui, avec des revenus assez modestes, préféra s'adresser à une modiste moins chère, connue sous le nom
d'Antoinette Maillot.
En 1778, lorsque la guerre devint imminente entre la France et 1'Angleterre, le chevalier d’Eon demanda à reprendre son grade et son uniforme de capitaine de dragons.
Pour toute réponse, on l’enferma deux mois dans le château de Dijon.
En 1784, il regagna l’Angleterre qu’il ne devait plus quitter.
Plus tard, à la Convention, au premier Consul, il demanda la faveur de défendre son pays, les armes à la main, mais cet honneur lui fut constamment refusé.
En réalité, le capitaine de dragons ne parvenait pas à jouer le rôle de femme. Il écrivait, en 1777, l’année difficile, à un ami: "Depuis que j’ai quitté mon uniforme et mon sabre, je suis
aussi sot qu’un renard qui a perdu sa queue ! Au lieu de faire la révérence, il m’arrive d’ôter ma perruque et ma garniture à triple étage, que je prenais pour mon chapeau ou pour mon
casque..." Grimm, qui rencontra plusieurs fois la Chevalière en robe d’apparat, la trouvait ridicule : "Il est difficile d’examiner quelque chose de plus extraordinaire et, s’il faut le dire, de plus indécent que Mlle d’Eon en jupes..."


Jamais l’ancien militaire ne s’habituera au travesti, contrairement à ce qu’ont prétendu plusieurs historiens. Dans ses "Confessions", on lit, en effet :
"L’exécution de ma métamorphose est faite et parfaite. Il n'y a plus à revenir là-dessus, mon sacrifice est fait et parfait, il ne me reste plus que d’accomplir ma destinée qui est celle de vivre et mourir en femme honnête et vertueuse. Il faut que je passe par là de bon gré ou malgré moi, pour ma tranquillité personnelle..."
Le docteur Pierre Vachet, dans son ouvrage "Psychologie du vice", a confirmé cet aveu du chevalier d’Eon : "Le chevalier d’Eon ne fut pas un véritable travesti. Le port du costume
féminin lui fut imposé par des circonstances très diverses, surtout par le souci qu’il avait eu, à un moment critique de son existence, de se faire une publicité tapageuse. D’Eon nous apparaît avant tout comme un aventurier ambitieux, orgueilleux, vaniteux, même... Comédien de mauvaise foi, mythomane. Le pseudo-aveu de sa nature féminine ne fut qu’une manifestation de cette mythomanie."

D'Eon est décédé à Londres en 1810 à l'âge de 81 ans. L'autopsie a montré qu'il s'agissait bien d'un homme. Il est enterré en Angleterre dans le comté du... Middlesex!