vendredi 20 septembre 2019

Le mode d'emploi (Histoire)

Une contribution d'un lecteur

Voici une histoire écrite par "Jackie", que je remercie beaucoup pour sa contribution à mon blog.
Si d'autres lecteurs de ce blog souhaitent y raconter leur histoire (réelle ou fictive), n'hésitez pas à me contacter!



            J’ai toujours été petit et mince ; j’ai aussi toujours eu un visage poupin, mais je n’avais aucun problème avec cela jusqu’à l’adolescence lorsqu’il m’arriva ce qui pour moi fut un drame. Quel âge ? Douze ou treize ans, je crois. J’étais dans la salle de bain, torse nu, et je regardais avec horreur ma poitrine : j’avais des seins. Ils n’étaient pas gros, mais je les tâtais et l’on sentait très bien la glande mammaire sous le mamelon. Elle avait la grosseur d’un petit abricot. Je paniquais. Étais-je en train de devenir une fille ? J’avais, quelques jours avant, essayé le soutien-gorge d’une de mes sœurs, juste pour voir ce que cela faisait. Est-ce que ceci avait provoqué cela ? C’était l’horreur. J’allais avoir une poitrine comme une fille tout en gardant un pénis qui durcissait à toute occasion. Il faut vous dire qu’à l’époque, on n’avait aucune notion de sexe. Nous n’avions pas le droit au mode d’emploi de notre corps. C’était tabou. Il n’était donc pas question que j’en parle à mes parents et encore moins au médecin. J’appris bien des années plus tard que c’était un phénomène plutôt courant chez le garçon : la gynécomastie. Cela veut dire que chez le garçon les hormones femelles peuvent supplanter temporairement les hormones mâles et ceci pendant quelques semaines ou quelques mois durant la puberté.
            Quand tout redevint normal, je fus soulagé, mais je restai en alerte. Il m’arrivait au moins une fois par jour de tâter mes seins pour constater que le phénomène ne réapparaissait pas. Au début, c’était la peur d’une résurgence, mais très vite, cela devint de la nostalgie.
            Puis je commençai à fréquenter des filles de mon âge et je fis une fixation sur leur poitrine et leur développement. Des fois, je demandais leur âge à des filles, juste pour savoir quelle grosseur aurait eu mes seins s’ils avaient continué à pousser. À la plage, à la piscine, j’aimais observer cet attribut féminin. Je ne sais pas comment cela arriva, mais j’en vins à les jalouser.
            Je me mariai à 21 ans avec la plus belle fille de mon quartier : Jackeline. Elle était comme moi petite et mince. On nous appelait « le beau petit couple ». J’adorais observer ses seins, les toucher, renifler ses soutiens-gorges. Au début de notre relation, je ne lui racontais pas mon fantasme, mais un jour je fis une erreur qui allait changer ma vie.
            Nous étions sortis avec un couple d’amis en boîte de nuit : Barbara et Serge. Nous visitâmes plusieurs clubs et bien sûr on but à chaque fois que l’on entrait dans l’un d’eux. Alors que la soirée avançait, Serge proposa que l’on aille dans un bar de travestis. On le suivit. J’eus tout de suite l’impression que ce n’était pas sa première visite : la façon qu’il regarda et salua le portier, son empressement à nous faire asseoir à une table près de la scène. Non, je crois même que cet endroit l’excitait au plus haut point.
            De mon côté, je découvrais pour la première fois ces hommes qui s’habillaient en filles et cela m’impressionna beaucoup, surtout que certains exhibaient des poitrines généreuses qui me rappelaient mon fantasme. La conversation tourna bien vite sur le sujet. Nous nous demandions si c’étaient de vrais seins. Pour certains le décolleté était si apparent que l’on n’avait aucun doute. Nous avions bu beaucoup et comme toujours, dans ces cas-là, nous parlions sans retenue.
            Barbara, qui avait une silhouette plutôt masculine, demanda à son mari s’il avait eu l’idée dans son adolescence de s’habiller en fille. Il raconta alors une expérience un soir d’Halloween et une autre au lycée où garçons et filles avaient inversé les rôles. Il donna force détail sur la robe, la perruque et le maquillage qu’il portait comme si le souvenir était encore très présent en lui. Il ajouta même qu’il ne verrait aucun inconvénient à réitérer l’expérience.
            Bien sûr les visages se tournèrent ensuite vers moi. Je n’avais aucune expérience à relater, mais je ne voulus pas paraître moins intéressant que l’autre. Alors je racontais l’épisode de gynécomastie et les fixations que cela avait provoquées chez moi. Ma femme avec un sourire malicieux me demanda si j’aimerais encore avoir des seins aujourd’hui. Mon alcoolémie me fit répondre par l’affirmative, mais je mis une restriction quand même : il faudrait que ce soit temporaire comme la première fois.
……………………………………………………………………………………………………………..
            Lorsque je me réveillai le lendemain matin après cette tournée des bars, j’avais un mal de tête qui me donnait l’impression qu’elle allait exploser. C’était normal avec la quantité d’alcool que nous avions ingérée. Mais quelque chose d’étrange me fit bondir hors du lit : à la place de mon pyjama habituel, je portais une nuisette transparente, celle que ma femme avait l’habitude de porter les soirs de « câlineries coquines », et le pire c’est que sous la nuisette je fus abasourdi de sentir autour de ma poitrine un certain poids. Je baissai les yeux et vis avec effroi que sous la fine dentelle de la nuisette, je portais un soutien-gorge bien rempli. Je croisai les yeux moqueurs de ma femme. Un souvenir brumeux de la soirée précédente s’éclaira alors.
            Au retour à la maison, nous avions, je m’en souvenais maintenant, continué à jouer sur le thème d’une possible poitrine. Ma femme possédait des prothèses mammaires. Elle me les avait collées avant de m’équiper d’un soutien-gorge et de sa nuisette préférés, ce qui provoqua entre nous un échange sexuel passionné avant de s’endormir dans les vapeurs d’alcool.
            La séance torride que nous avions vécue la veille se répéta donc le matin au fur et à mesure que le désir reprenait ses droits. On passa une grande partie de la matinée au lit et la cloche de l’entrée nous surprit en pleine action. Étonné, je me figeai et éjaculai avant même la pénétration.
            Ma femme avait compris avant moi qui venait nous visiter. C’était le couple de la veille qu’elle avait invité à bruncher. Elle s’habilla en vitesse pour les recevoir. Moi de mon côté, je me réfugiai dans la salle de bain pour enlever toute trace de mes attributs féminins. Mais c’était impossible. Ma femme avait collé les deux prothèses avec un produit spécial qui les tenait fixés à ma poitrine. Je ne savais quoi faire.
            De son côté, ma femme recevait à l’entrée l’homme et la femme. Cette dernière, Barbara, j’ai oublié de vous le dire, était une très grande amie de ma femme à la fac de droit. Elles avaient partagé durant toutes leurs études le même appartement et je devrais mieux dire le même lit puisque le logement consistait en un minuscule studio.
            Lorsque je constatais que j’allais m’arracher la peau en essayant de détacher les faux seins, j’appelais ma femme au secours. Elle arriva immédiatement, mais elle n’avait pas prévu que ses invités la suivraient jusqu’au seuil de la salle de bain. Ce fut le grand rire de leur part. Ils avaient compris que nous avions continué la soirée sur le même thème qu’on l’avait commencé. J’étais rouge de confusion : Barbara me regardait avec un sourire sardonique tandis que je sentais de l’envie chez son mari. Ma femme fit tout ce qu’elle put pour m’ôter les prothèses. Elle lut le mode d’emploi, chose qu’elle avait omis de faire avant et constata que l’effet collant se dissiperait… seulement au bout de trois ou quatre jours. J’étais découragé, car je ne me voyais pas aller au travail le lendemain avec une paire de seins.
            Ma femme et moi, nous eûmes notre première dispute et ceci en présence de nos invités. Heureusement, Serge nous arrêta à temps. En attendant de trouver une solution pour le lendemain, il proposa que nous brunchions « entre filles ». Nous le regardâmes avec étonnement. Il continua son explication. Il était prêt à enfiler une robe pour que je ne me sente pas isolé par mon problème et nous pourrions ainsi en parler calmement tout en mangeant. Je crois qu’il avait envie aussi de le faire pour lui-même autant que par solidarité avec moi. L’idée l’excitait et ils insistèrent tous les trois pour que je le fasse. Je suis ce qu’on appelle un bon gars : j’acceptai donc.
……………………………………………………………………………………………………………..
            Jackeline, ma femme, nous invita à nous servir dans ses affaires. En ce qui me concernait, j’enfilai une robe soleil que j’avais moi-même achetée pour lui faire plaisir. Je rougis en la mettant, car je crois que je l’avais autant choisi pour moi que pour elle. Le haut froncé de la robe mettait en valeur sa poitrine… et la mienne cette fois-ci par la même occasion. De son côté Serge s’empara de la nuisette et du soutien-gorge que j’avais abandonnés. Il y avait ajouté un porte-jarretelles et des bas couleurs chair.
            Nos femmes nous maquillèrent et bien que nous ayons tous les deux les cheveux courts, elles nous les peignèrent de telle façon pour que nous ressemblions à des filles garçonnières. C’était, je dois le reconnaître, plutôt excitant. Je regardai mon reflet dans le miroir et j’avoue que je me trouvais beaucoup mieux en femme qu’en homme. Mon physique androgyne paraissait mieux
 s’accorder dans la féminité que dans l’aspect viril. Mais ce qui me troubla le plus, c’est le regard de Barbara. Elle regardait son mari et moi avec toujours le même sourire sardonique qui laissait deviner une arrière-pensée. J’étais plutôt inquiet.
            On se dirigea vers la cuisine pour y préparer le brunch. Alors que d’habitude je n’étais pas très doué pour la préparation des repas, je pris cette fois la direction des opérations : je préparais les œufs, le bacon et les crêpes, laissant aux autres le soin de dresser la table et de griller les rôties. Je m’étonnais moi-même. Le repas se déroula dans une ambiance excitante. On riait, même si de mon côté, j’avais toujours la hantise de mon lendemain au boulot. Il fallait trouver une solution. Ma femme me proposa d’appeler le cabinet d’avocats pour leur dire que j’avais un problème de santé qui m’interdisait de rentrer. Barbara ajouta que ce problème devait affecter mes cordes vocales. Ainsi le patron n’insisterait pas pour me parler. Elle s’offrit même d’appeler, car ma femme paniquait devant le mensonge qu’elle devait dire. Mes collègues ne connaissaient pas vraiment la voix de Jackeline. Ce n’était pas un problème. Barbara laissa un message dans la boîte vocale de la réceptionniste. Quand elle raccrocha, on éclata de rire, comme des adolescents qui faisaient une bonne blague à leurs supérieurs.
            L’après-midi se passa agréablement. On joua au Cluedo à terre dans le salon. Il y eut deux ou trois moments un peu gênants. Je remarquai ainsi plusieurs fois le regard un peu trouble de nos invités, comme si des idées coquines leur venaient à l’esprit. Serge, après avoir gagné une partie, se mit à m’enlacer dans son enthousiasme comme si nous étions deux bonnes copines. Je répondis à son enthousiasme en l’embrassa sur les joues. J’avais oublié qu’il était un homme… tout comme moi. Je remarquai également que sa femme tenait la mienne par les épaules durant de longs moments. Je me souvenais qu’elles avaient partagé pendant plusieurs années le même lit et que sans doute, il y avait eu entre elles une intimité un peu trouble. Mais en règle générale, l’après-midi fut agréable. Ils nous quittèrent en déclarant que nous devrions répéter l’expérience dans un proche avenir. Personnellement, j’en étais moins sûr : j’avais toujours sur moi le problème de ma fausse poitrine.
            Quand la porte se fut refermée, ma femme sauta littéralement sur moi, tellement elle était excitée par la situation. On venait de passer un après-midi « à fleur de peau ». Nous avions eu l’envie de passer aux actes, mais très récemment marié, on se gardait une petite gêne pour ces moments intimes. Je restai la soirée durant dans ma tenue de fille et Jackeline insista pour que nous prenions ensemble notre douche, chose que nous n’avions pas encore faite depuis notre mariage. Ce fut très agréable, je dois l’avouer. On s’initia mutuellement à l’anulingus, au cunnilingus sur Jacqueline et pour moi à la fellation. Mais il arriva un évènement qui régla mon problème principal : Jackeline me proposa de me savonner le corps, comme je le lui avais fait moi-même. Alors qu’elle passait l’éponge vigoureusement sur mes seins en silicone, ceux-ci se détachèrent sans même que l’on ait besoin de faire plus d’efforts. Nous en restâmes bouche bée. À la sortie de la douche, nous nous dirigeâmes vers la chambre et Jackeline se précipita sur le mode d’emploi qu’elle avait lu précédemment. Elle apprit ainsi, dans une section réservée aux hommes travestis qu’elle n’avait bien sûr pas lue, qu’avant de poser les prothèses mammaires, nous aurions dû enlever les quelques poils qui ornaient ma poitrine : ceux-ci empêchaient une bonne adhésion des seins. La chaleur de l’eau et le savon sous la douche s’étaient infiltrés sous la prothèse et avaient provoqué le décollage. Je retrouvai ainsi avec soulagement mon identité de mâle.
Comme chaque soir depuis notre mariage, nous eûmes un échange sexuel, mais je crus remarquer que Jackeline paraissait moins énervée par ma prestation virile que par mon rôle féminin, joué le matin même. De mon côté, je fus plus rapide à délivrer la « marchandise ». Cela ne nous empêcha pas de nous endormir dans les bras l’un de l’autre.
……………………………………………………………………………………………………………..
Dans les semaines qui suivirent, nous réitérâmes l’expérience de travestisme durant nos ébats amoureux et il faut bien avouer que ma performance au lit était de loin supérieure lorsque je m’attifais d’éléments féminins. Ce qui était le summum de la jouissance, c’était d’enfiler des bas. Par contre, nous ne collions plus les prothèses. Une première fois était une fois de trop.
Dans les jours qui suivirent notre expérience, nous eûmes un téléphone de Serge. Il insistait pour amener à mon épouse une paire de bas, couleur chair pour remplacer celle qu’il avait utilisée durant notre soirée. Ce fut toute une surprise lorsqu’il vint sonner à notre porte durant la semaine : il était entièrement habillé en femme. Ma première réaction, je m’en souviens, fut de regarder vers les maisons voisines, de peur que quelqu’un le voie ainsi habillé. Pourtant personne n’aurait pu deviner l’homme sous ces habits de femme. On l’invita bien sûr à prendre un café. Il accepta. Nous étions seuls au salon pendant que Jackeline préparait le café. J’eus une érection qui me troubla fortement lorsqu’il posa sa main sur la mienne pour attester ses dires. Tout comme moi, il avait un visage poupin, de grands yeux de biche et une bouche pulpeuse. Je suis gêné de l’écrire, mais j’étais attiré par lui. Comme Barbara était beaucoup plus grande que lui, on pouvait supposer qu’il avait été obligé d’acheter tous ces vêtements qu’il portait. Bien sûr l’élément qui m’intrigua en premier, c’était sa poitrine. Il avait acheté des prothèses comme celles de ma femme. Je lui demandais s’il les avait collées. Il m’avoua en rougissant par l’affirmative.
            Lorsque Jackeline entra dans le salon avec le café, sa première question fut de demander à Serge comment nous devions l’appeler lorsqu’il s’habillait en fille. Il répondit : « Sévérine ». Je regardai avec étonnement ma femme. Pourquoi pensait-elle que Serge avait besoin d’un prénom féminin ? Puis je tournai mon regard vers lui et je compris qu’il avait l’intention de répéter l’expérience. Les vêtements achetés démontraient que ce n’était pas une blague d’un soir. Il nous avoua avec de l’émotion dans la voix qu’il avait toujours voulu s’habiller ainsi. Lorsqu’il avait rencontré Barbara, ce qui lui avait plu en elle, c’était son allure masculine et son caractère dirigiste  : Barbara chez eux portait, si je puis dire, la culotte. Elle n’eut aucun mal à deviner son fantasme de soumission. C’était même ce qui unissait leur couple. Il nous raconta comment Barbara jouait un rôle actif dans leurs échanges sexuels. Peut-être un peu naïf, je n’avais jamais entendu parler de gode ceinture avant cela. J’appris en jetant un regard vers ma femme que celle-ci connaissait la chose… et sans doute avait été initiée à ce genre d’intromission arrière lorsque les deux femmes partageaient le même logement. Jackeline eut un début de sourire nostalgique qui me confirma le fait. Aussi étrange que cela puisse paraître, je me demandais, tout en écoutant distraitement Serge-Sévérine, ce que cela faisait d’être ainsi pénétré. Cela faisait-il mal ? Je supposai que non, sinon pourquoi l’aurait-il fait ? Au contraire, il devait y avoir une jouissance. J’eus une érection formidable, juste d’y penser. Mais le pire dans tout cela, c’est que je m’imaginais être « introduit » à ce genre d’exercices, non pas par ma femme, mais par celle qui semblait la plus expérimentée de nous quatre : Barbara. Férus de documentaires animaliers, ma femme et moi nous avions visionné quelque temps auparavant un vidéo sur les bonobos et nous avions appris que ceux-ci étaient dirigés par une femelle alpha. J’avais fait à Jackeline une remarque ironique sur la ressemblance de Barbara dans ce schéma sociétal. Elle avait ri aux éclats en me déclarant que je ne pouvais pas mieux dire à propos de son ancienne colocatrice. De mon côté, je n’étais pas très étonné. Lorsque j’avais commencé à fréquenter Jackeline, il m’avait semblé que Barbara exprimait beaucoup de jalousie envers moi, puis elle avait fini par m’accepter dans la mesure où je ne m’opposais pas à ce qu’elles continuent à se voir, autant dans les loisirs que dans le travail. Lorsque Barbara ouvrit son propre cabinet d’avocats, sa première décision fut d’engager Jackeline qui n’avait pas réussi, à cause de sa timidité, à se trouver un travail à la sortie de nos stages. Comme cette pensée me traversait l’esprit, Serge-Sévérine nous annonça qu’il pourrait lui aussi se joindre au cabinet de Barbara. J’allais lui objecter que cette dernière semblait se spécialiser dans le droit des femmes lorsque je compris que Serge-Sévérine allait sans doute travailler en vêtements féminins. Il n’était pas avocat. Je m’imaginais donc qu’il allait faire la standardiste ou la secrétaire judiciaire. Ma femme, Barbara et la nouvelle Séverine, tous les trois allaient donc travailler ensemble. Je ne sais pourquoi, mais je développais à leur égard une certaine jalousie.
……………………………………………………………………………………………………………..
Dans les semaines qui suivirent, j’emportais avec moi au bureau des fantasmes étranges. En pleine conversation avec des clients, je m’imaginais répondre à leurs questions vêtues d’un ensemble jupe et chemisier de bon goût. Je me frottais fréquemment le globe de l’oreille, pensant que j’y avais installé des pendentifs. Je me regardais dans le miroir en face pour vérifier un hypothétique maquillage. Non, vraiment je me sentais déboussolé par mon imagination débridée. Celle-ci se renforçait avec les visites de Barbara et de « Sévérine » les fins de semaine. Ils m’avaient convaincu d’enfiler des vêtements féminins lors de ces rencontres. Et j’acceptai, car inconsciemment, je m’excitais en le faisant. C’était une sensation euphorisante. J’aimais en particulier porter des robes d’été avec des imprimés de fleurs ou même des robes avec des broderies. Celles-ci contrastaient violemment avec les costumes trois-pièces que je portais au bureau durant la semaine. J’aimais aussi me maquiller. J’y mettais du temps, comme si l’acte en lui-même était un plaisir sexuel. C’était même devenu une addiction : alors que nous nous rencontrions seulement le dimanche, je me transformais dès mon retour du travail le vendredi soir. Très vite, Jackeline, Séverine et moi, nous prenions l’habitude de choisir des tenues semblables : nous nous appelions entre nous « les trois sœurs ». Seule Barbara restait en jeans ou parfois en cuir.   Cette dernière tenue m’impressionnait beaucoup, surtout qu’elle était toujours accompagnée par une cravache. À une de mes questions à propos de cet instrument, ce fut Séverine qui me répondit : « C’est pour quand je me comporte comme une vilaine petite fille. » Elle eut un début de petit rire coupable qui fut immédiatement arrêté par Barbara : « Ce matin, tu as oublié ma tasse de café dans le salon. Tu me dois donc une fessée. Ce serait bien que nous montrions à nos amis comment je te dresse à mieux te comporter. Non ? » Puis elle ajouta en me regardant du coin de l’œil : « Enfin ! Quand je dis nos amis, je devrais omettre notre amie Jackeline puisqu’elle y a déjà goûté à cette cravache. » Je fixais Jackeline. Elle était rouge comme une tomate.
Un dimanche, j’eus l’impression que « Sévérine » avait ôté ses prothèses. Sa robe paraissait moins tendue au niveau de la poitrine. Il surprit mon regard et me donna une explication étonnante : il s’était mis à prendre des hormones. Je n’en revenais pas. Celles-ci lui étaient fournies par Barbara. Au début de l’adolescence, la mère de celle-ci trouvant que sa puberté ne démarrait pas assez vite l’avait amenée chez un médecin spécialiste qui lui donna une prescription d’hormones féminines. Jackeline et moi, nous poussâmes le même cri : n’était-ce pas dangereux de jouer ainsi avec son corps ? J’avais déjà lu que le foie supportait assez mal ces changements. Jackeline, de son côté, appuya sur le côté irréversible de la prise d’hormones. C’est là que Barbara intervint. Elle sortit de son sac à main, une prescription rédigée par son médecin. Celui-ci répondait à une question de la mère de la jeune fille : il y affirmait qu’il n’y avait aucun danger à arrêter en tout temps la prise d’hormones. Jackeline et moi, nous consultâmes attentivement le papier. Il s’agissait bien d’une prescription à l’en-tête d’une clinique. On reconnaissait bien l’écriture habituellement illisible d’un médecin, surtout qu’il s’agissait du même gynécologue visité par Jacqueline. À côté de sa signature, nous avions même son numéro de téléphone. Il n’y avait aucun doute : l’avis du médecin était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Je n’eus aucun effort à faire pour m’exciter à la pensée d’une poitrine temporaire. Mon fantasme d’adolescent revenait avec force et occupa mon esprit dans les jours et les semaines qui suivirent. « Sévérine », de son côté, voyait avec orgueil sa poitrine grossir peu à peu sous l’effet des hormones. Il finit même par enlever son chemisier pour que nous constations son évolution. Il m’invita même à les toucher pour que je constate mieux le côté satiné de la peau. J’étais tout énervé en caressant les mamelons de Séverine. Barbara répéta à mon intention l’avis du médecin. Même Jackeline était persuadée. Elle vint se joindre à leur conviction en me rappelant combien ma fausse poitrine avait décuplé mes performances au lit. « Imagine si c’était de vrais mamelons, de la vraie peau ! » Lorsque Séverine arriva un dimanche matin à la maison avec un sac rempli de soutien-gorge tous aussi affriolant les uns que les autres. J’eus une forte poussée de jalousie en voyant le mari de Barbara enfiler l’un après l’autre ce symbole de la féminité. Ce fut décidé : j’annonçais que j’allais essayer les hormones. Je vis bien un éclair de victoire dans les yeux de Barbara, mais j’étais trop aveuglé par l’excitation du moment pour réfléchir rationnellement.
Lorsqu’après quelques semaines, mes seins d’adolescent apparurent sur ma poitrine, ma première réaction fut de pleurer de joie. Jackeline et moi nous eûmes le plus bel échange sexuel de toute notre vie. Mon érection était telle que j’en avais presque mal, tellement mon pénis se collait à mon pubis. Jackeline hurla de plaisir, lorsque je la pénétrais. On passa une nuit blanche, tellement j’étais excité par cette réaction.
Nous étions devenus assez intimes avec Barbara et « Séverine » que nous leur téléphonâmes le matin suivant pour leur annoncer la nouvelle. J’insistais même pour recevoir le double des hormones, tellement j’avais hâte de voir mes deux petits tétons devenir une véritable poitrine. Ce fut une erreur.
……………………………………………………………………………………………………………..
La poitrine tant désirée apparut au bout de quelques semaines. Elle prit tellement d’ampleur qu’elle rivalisait avec celle de ma conjointe. Elle en était presque jalouse. Je me mis à porter de plus en plus souvent des vêtements féminins au retour du travail. Par contre au bureau, je devais la sangler pour que mes collègues ne la devinent pas sous ma chemise. Ceux-ci et surtout le patron firent comme s’ils ne s’apercevaient pas de mon changement.
À la maison nous eûmes ma femme et moi, de plus en plus d’échanges. Au début, ils furent mémorables, puis peu à peu, je dus constater des manques, des pannes. Nous mîmes cela sur la trop grande fréquence des échanges. Comme il était de plus en plus difficile de cacher ma poitrine au bureau et que celle-ci était devenue assez imposante, on décida de cesser la prise d’hormones. Au bout de deux semaines, ma libido ne revint pas comme nous l’espérions. On attendit deux mois de plus, mais les pannes d’érection ne disparurent pas. Au contraire, je devins totalement impuissant. Mon sexe qui n’avait jamais été très gros sembla se rétrécir. C’était la catastrophe. Jackeline me proposa de consulter sa gynécologue, celle-là même qui avait fourni à Barbara des hormones. Elle nous reçut dans son bureau. Après un examen minutieux et une analyse de mon taux d’hormones, elle en vint à la conclusion que je n’étais plus vraiment un homme. Jackeline lui tendit alors la prescription sur laquelle, elle avait elle-même écrit que l’on pouvait arrêter en tout temps la prise d’hormones. Elle la lut, puis secoua de gauche à droite la tête avant de prononcer ce que je pris pour une condamnation les mots suivants.
— Vous savez : les prescriptions, c’est un peu comme les modes d’emploi. Il faut les lire entièrement. Cette prescription, je l’ai écrit à l’intention de votre amie Barbara, une adolescente, donc une fille. Il n’y a pas de véritable danger, et ceci sous surveillance d’un gynécologue, de recommander d’ajouter à une jeune femme des hormones féminines. Par contre pour vous, ce n’est pas du tout la même chose : vous êtes un homme. Votre corps n’a pas eu la même réaction. Vous avez permis à ce médicament de supplanter votre taux de testostérones, sans surveillance médicale. Je suis désolé de vous annoncer que vous avez fait un voyage sans retour. Votre épouse et moi-même, nous pouvons vous souhaiter la bienvenue dans le monde de la femme. Tout ce que je peux vous conseiller, c’est de devenir un client ou plutôt une cliente régulière de ma clinique. Dans quelques mois, lorsque vous aurez retrouvé un certain équilibre, nous pourrons même envisager une opération pour que vous soyez une femme à part entière.
……………………………………………………………………………………………………………..
Je vous ai rapporté les paroles de la gynécologue ou plutôt un résumé de ceux-ci, car j’étais trop perturbé pour me souvenir de l’exactitude des mots. Il me semble que ce fut plus long que cela ce discours. Je me souviens tout de même du parallèle qu’elle fit à propos de la prescription et du mode d’emploi. C’était terrible. Je me souviens aussi qu’elle parla de psychothérapie. Enfin !
J’envoyai ma démission à mon cabinet d’avocats. Le grand patron fut étonné, car j’étais l’un des juniors les mieux cotés. Je suivis une longue thérapie qui avait pour but mon acceptation dans le monde de la féminité. C’est ce qui me sauva. Je suivis aussi des cours supplémentaires à la faculté sur le droit des femmes et je rentrais comme associé dans le cabinet de Barbara. Je m’occupe surtout du droit des transgenres. J’ai non seulement les compétences, mais aussi le ressenti de ces jeunes, même si pour moi ce fut une erreur de parcours.

4 commentaires:

  1. Salutations :)

    Je voulais savoir si un témoignage personnel ( donc véridique ) pouvez être intéressant pour ton blog ?

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour,
    Oui, bien sûr, je publierais avec plaisir un tel témoignage (sous réserve d'un contenu que je jugerais "publiable").
    J'ai déjà publié un tel témoignage (voir catégorie "témoignage").

    RépondreSupprimer
  3. Je me demande ci je pourrais t'envoyer la mienne d'histoire et elle bien réelle aussi

    RépondreSupprimer
  4. Bien sûr jack! Je la publierais avec plaisir!

    RépondreSupprimer