mardi 2 avril 2019

Fantasme ou réalité? 28

Une lettre parue il y a très longtemps dans un magazine spécialisé sur la sexualité. J'étais encore adolescent quand j'ai lu cette histoire, et j'ai aujourd'hui...... ans. Bref, c'est une très vieille histoire et je suppose qu'il y a prescription et que je peux la publier ici aujourd'hui...


Je suis le dernier de quatre enfants d'une famille dont le père est pharma­cien. Trois filles et un garçon, une éducation religieuse que je n'ai pas toujours appréciée, et, bien-sûr, des parents très à cheval sur les principes, et sensibles au qu'en-dira-t-on. Et à une certaine image de marque de la petite bourgeoisie. Mon enfance a été tout à fait normale sur le plan affectif, mais sur le plan sexuel il me semble me souvenir avoir éprouvé de troubles sensations lorsque mes sœurs me déguisaient, et le plus souvent en fille. C'est à la puberté, du moins à cette époque où le garçon se sent changer que, je crois, mon indécision a commencé à se manifester. Trois filles à la maison, cela représente un potentiel en vêtements et sous-vêtements féminins, que je prenais plaisir à essayer, la plupart du temps quand je me trouvais seul. J'ai bien été surpris quelquefois par ma mère, mais jamais elle ne m'a expliqué quelle devait être ma conduite en tant que garçon. Elle se contentait de dire : « Enlève ces affaires, tu vas les abî­mer». Mais j'éprouvais un trop grand plaisir au contact soyeux de ces habits, et de plus, je ne pensais pas mal faire; j'avais été tant de fois déguisé! J'ai donc gardé cette habitude jusqu'à 16 ans environ, époque à laquelle je me traves­tissais (j'avais découvert le mot) prati­quement tous les samedis soirs, mes sœurs sortant et mes parents allant au cinéma. Or, un soir, l'une de mes sœurs est rentrée plus tôt que prévu, et je n'ai pas eu le temps de tout enlever. Sur le ton de la moquerie, elle m'a décidé à me rhabiller comme je l'étais avant qu'elle n'entre, et a entrepris de me maquiller. Après quoi, nous avons fait des photos que je possède encore. C'est peut-être la vue de ces photos qui m'a décidé à choisir une voie dont je ne trouve pas l'issue, peut-être parce qu'il n'y en a pas? Ayant entendu parler d'hormones, j'ai puisé dans les livres de mon père pour connaître la signification de ces termes, et j'en ai conclu que je devais en prendre pour avoir la poitrine dont je rêvais, car je voulais être femme, et il me semblait que c'était tout à fait naturel. Je me définissais comme fémi­nin dans un corps masculin, et il fallait rétablir les choses. Je ressentais tou­jours du bien-être quand j'étais travesti, et la présence de rondeurs dans les soutiens-gorge de mes sœurs me ren­daient jaloux. J'ai donc, et c'est là le plus grave, pris à l'officine des médicaments contenant des hormones féminines, et j'en ingurgitai en guettant fébrilement les résultats. Les premiers signes se mani­festèrent d'abord par l'apparition de plus en plus fréquente de nausées, et parfois de vomissements. Enfin, j'ai ressenti les premiers élancements dans les mame­lons, et je me souviens en avoir été particulièrement heureux. Je crois que c'est à partir de ce moment-là que j'ai eu de moins en moins d'érections, mais cela n'avait aucune importance à mes yeux, seuls comptaient ces petits seins que je voyais pointer imperceptiblement. Cela m'a incité à persévérer dans ce que j'appelais « mon traitement». J'avais appris à me faire moi-même les intra-musculaires (l'escalade!). Je constatai enfin une augmentation plus précise de ma poitrine et c'est un peu après mes 17 ans, par une des pre­mières journées d'été, alors que je ne pouvais plus prétendre supporter un pull-over qui masquait ce dont j'avais tout de même un peu honte, qu'une de mes sœurs constata mes rondeurs, inhabituelles chez un garçon. La nou­velle eut tôt fait le tour de la famille, et c'est en présence de mes parents que je me retrouvai nu dans ma chambre. Ma mère était pratiquement horrifiée, mais mon père, en scientifique, invoqua un dérèglement hormonal. C'est d'ailleurs ce qui lui mit probablement la puce à l'oreille. Ses carnets de commande comportaient parfois des ratures, et la tenue des stocks laissait apparaître des erreurs dont mon père comprit le sens. J'ai dû avouer et même donner le nom des produits utilisés. Mon père fut, bien sûr, furieux, mais le mal était fait, et sa colère aidant, il déclara qu'il était trop tard... En vrai patriarche, personne ne le contesta, et ma punition fut décidée : il n'était pas question de voir un spécia­liste, et la perspective pour mes parents d'entendre parier en chuchotements d'un enfant anormal les rendaient méfiants: La solution était que je pour­suive un traitement de féminisation. J'avais voulu ressembler à une fille? J'allais être servi! Mon père exigea que je m'habille en fille â partir de ce moment-là. Ce que je fis, mais sans laisser paraître le contentement que je ressentais au fond de moi. Enfin en robe toute la journée! J'ai aujourd'hui 26 ans, je travaille toujours dans l'officine fami­liale comme vendeuse, secrétaire, femme à tout faire, et je crois que je suis à ma place dans la société; mais je supporte de moins en moins ce sexe d'homme. Je me sentirais-parfaitement bien, si n'était cet attribut qui me rappelle que je ne suis qu'un être hybride et sans avenir. Je voudrais me faire opérer, afin de bénéficier de la chirurgie moderne, mais je me demande si une telle opération permet réellement de se sentir femme, en apparence bien sûr. L'ablation du sexe original permet ­elle d'éliminer les angoisses et les inquiétudes perpétuelles ? Permet-elle d'envisager la cessation de l'entretien hormonal ? Je me rends compte de l'usine chimique que je suis devenue, et je me vois mal poursuivre un tel traitement toute ma vie. Aurais-je été plus heureuse étant homme avec des envies de travestisme, que maintenant transsexuel sans aucun avenir ?

1 commentaire:

  1. J'adore la phrase suivante : «sensibles au qu'en-dira-t-on. Et à une certaine image de marque de la petite bourgeoisie.» Elle est tellement vraie. Sinon, à propos du titre, je pencherais pour la réalité. Le père pharmacien peut très bien avoir utilisé ses enfants pour faire l'inventaire, ce qui a provoqué chez eux une connaissance élémentaire des médicaments. Dans un fantasme, l'histoire se terminerait de façon plus positif selon moi. L'adolescent deviendrait une brillante pharmacienne.

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