Quand
j’y pense, c’est étonnant que Christian et moi soyons si proches. Nous n’avons
rien en commun. Christian est très sportif, il est grand, viril et musclé. Il est
le type même du beau mec qui fait craquer les filles. Je ne sais pas combien de
copines il a connu… Je les ai pratiquement toutes rencontrées, mais j’ai
renoncé à les compter.
De
mon côté, j’étais plutôt petit et malingre. Je cachais mon visage encore
enfantin derrière de grosses lunettes qui faisaient de moi une caricature de
l’intello, détesté au collège. J’en souffris énormément dans mon enfance. Inutile
de préciser à quel point les enfants peuvent parfois être cruels entre eux
J’étais
un garçon très solitaire. Même mes parents ne s’occupaient que peu de moi. Ils
n’avaient pas beaucoup de temps à me consacrer. Ils travaillaient tous les
deux, et les rares fois où nous étions ensemble à la maison, ils se disputaient.
Les
seules personnes qui semblaient un peu s’intéresser à moi étaient mes
professeurs, parce que j’étais plutôt doué en classe, mais peut-être aussi un
peu par pitié.
Ma
vie changea quand Christian est entré dans ma classe de sixième. Le professeur
nous le présenta comme un nouvel élève et le fit asseoir à côté de moi. Je fus
immédiatement impressionné, et un peu effrayé aussi, par sa taille. A lui seul,
il occupait pratiquement toute la table et ne me laissait qu’un tout petit espace
pour travailler. Le professeur m’expliqua que Christian avait quelques
difficultés scolaires, et qu’il comptait sur moi pour l’aider. Les premiers
jours, Christian ne m’adressa quasiment pas la parole.
Notre
amitié est curieusement née grâce à une interrogation écrite de maths.
Christian avait copié sur moi, et le professeur s’en était rendu compte. Il
vint nous voir en rendant les copies :
"Christian,
c’est très suspect que vos résultats se soient améliorés à ce point ! Je
crois que vous avez copié sur votre camarade, et je vais être obligé de vous mettre
un zéro !"
Je
ne sais pas pourquoi j’intervins à ce moment, je crois que j’avais un peu peur
que Christian ne se venge sur moi :
"Non
monsieur, Christian n’a pas copié !"
Je
voyais bien que le professeur ne me croyait pas, mais j’insistais :
"Nous
avons révisé ensemble ! Vous aviez demandé que je l’aide… C’est ce que
j’ai fait !"
Je
devais être rouge d’oser mentir à ce point, le professeur regarda mon voisin
dans les yeux, comme pour y trouver la vérité. Christian me regarda longuement
avec un air surpris, puis confirma mon mensonge avec empressement. Le
professeur accepta finalement de lui laisser sa bonne note.
Pendant
plusieurs jours, je crus que j’avais fait une énorme bêtise en mentant ainsi au
professeur de maths. Christian ne me montra à aucun moment une quelconque
reconnaissance…
Jusqu’à
ce jour où, une fois de plus, j’étais la cible des quolibets de mes camarades. Jérôme,
la terreur de la cour de récréation, m’avait pris mes lunettes et les tenait en
l’air. J’essayais de les récupérer, tandis que Jérôme me repoussait d’une main.
Mes efforts désespérés faisaient beaucoup rire la dizaine de garçons qui nous
entouraient. Soudain, les rires cessèrent quand une voix forte se fit
entendre :
"C’est
un peu trop facile de s’attaquer à un petit ! Tu devrais plutôt te mesurer
à moi !"
C’était
Christian qui venait à ma rescousse. D’une main, il saisit le bras qui tenait
mes lunettes et le tordit. Jérôme hurla de douleur et tomba à genoux. Un de ses
amis essaya d’intervenir, mais Christian le repoussa si fort de sa seule main
libre qu’il tomba sur les fesses. Puis, il prit les lunettes pour me les
rendre, sans lâcher sa prise sur le bras de Jérôme. Après un instant pendant
lequel on n’entendait plus que les gémissements de douleur de Jérôme, Christian
annonça calmement :
"Le
prochain qui s’attaquera à Pierre aura affaire à moi !"
Puis,
se baissant à la hauteur du visage de Jérôme, il ajouta :
"Est-ce
que c’est bien clair ?"
Le
visage déformé par la douleur, Jérôme promit de me laisser tranquille. Sans un
mot de plus, Christian s’éloigna. D’abord un instant très surpris, je me mis à
courir pour le rejoindre.
"Christian,
je ne sais pas ce que je peux faire pour te remercier…"
"Moi,
je sais… L’autre jour, tu as menti au prof en disant qu’on avait bossé
ensemble…"
"Euh,
oui ?"
"Je
crois que c’est ce qu’on devrait faire : bosser ensemble… Tu es plutôt
doué… Et moi, je ne peux pas me permettre un nouveau redoublement !"
"Oh,
tu as redoublé ?"
"Ouais,
déjà deux fois !"
C’est
ainsi que notre amitié débuta.
………………………
Des
années plus tard, nous étions inséparables. Après avoir réussi notre
baccalauréat, nous nous installâmes ensemble dans un petit appartement pour
poursuivre nos études.
Je
venais d'avoir dix-huit ans. J’étais très fier de bénéficier de mon
indépendance et d'une certaine liberté, et de m’éloigner de mes parents
perpétuellement en conflit.
Jusque-là,
je passais le plus clair de mon temps le nez dans mes livres, mais Christian
m’initia très vite à d’autres plaisirs. Il m’entraîna à sortir le soir, et
c’est grâce à lui que je fis mes premières rencontres féminines.
Christian
m'avait fait remarquer que les filles sortaient souvent à deux. Avec son humour
très particulier, il m’expliqua que je lui étais très utile pour draguer les
plus jolies filles. Selon sa théorie si personnelle, il affirmait que souvent,
les jolies filles avaient le "syndrome de la copine moche",
c’est-à-dire qu’elles étaient toujours accompagnées d’une amie moins jolie qui
les préservait des dragueurs. Christian m’expliqua qu’il avait besoin de moi,
que pendant que je m’occupais de la copine, il pouvait parvenir à ses fins avec
la fille qu’il convoitait.
J’étais
effaré par les propos de mon ami, mais j’acceptais néanmoins de continuer à
sortir avec lui, en essayant vainement de l'imiter.
Nous
avions tacitement mis au point un certain rituel. Il repérait deux filles qui
étaient ensembles et les abordait avec assurance. Très vite, il invitait la
plus jolie à danser tandis que je faisais timidement la conversation à sa
copine. Bien souvent, il parvenait à séduire sa cavalière alors que, de mon
côté, je n’avais pas autant de succès. La plupart du temps, je voyais bien que
j’ennuyais profondément la fille avec laquelle je discutais, mais certaines
d’entre elles me dirent avoir apprécié ma gentillesse et me récompensèrent d’un
chaste baiser sur les lèvres.
Voyant
que je n’étais pas très dégourdi, Christian m’encouragea à essayer d’être plus
entreprenant, me conseilla de commencer par essayer de caresser la cuisse de ma
partenaire… Je tentais ma chance dès que l’occasion se présenta, mais la claque
que je reçus refroidit bien vite mes ardeurs.
Christian
se moqua gentiment de moi, mais bien vite, il recommença à m’encourager.
C’est
ainsi que, après plusieurs semaines pendant lesquelles Christian accumula les
succès féminins, mais infructueuses pour
moi, nous fîmes la rencontre qui allait chambouler ma vie.
Un
soir, comme à l’accoutumée, j’accompagnais mon ami en boîte de nuit. Il aborda
un couple de filles en leur offrant un verre. Très vite, les présentations
étaient faites. Elles s’appelaient Agathe et Nicole. Pendant un bref instant,
Christian sembla s’intéresser à Nicole, la plus jolie des deux, mais Agathe,
plus entreprenante, détourna vite son attention et l’entraîna sur la piste de
danse. Je me retrouvais seul avec Nicole.
Pendant
un long moment, il n’y eu entre nous qu’un silence gêné. En buvant mon verre,
je regardais, ou plutôt j’admirais cette fille superbe. Elle était un peu plus
grande que moi, d’autant plus qu’elle portait des talons, pas très hauts, mais
très fins, très féminins. Ses cheveux blonds décolorés tombaient sur ses
épaules. Son décolleté laissait
entrevoir une très jolie petite poitrine. Une mini-jupe mettait en
valeur des jambes magnifiques. Je n’avais jamais vu d’aussi près une fille si
jolie.
C’est
Nicole qui finit par engager la conversation. Dans un soupir, elle dit :
"Je
déteste quand elle fait ça !"
"Pardon ?
De quoi parles-tu ?"
"Agathe !
Je déteste quand elle me laisse seule pour draguer des mecs !"
Elle
semblait jalouse, et tout en regardant plusieurs fois en direction de sa
copine, elle donnait l'impression de me jauger en me regardant longuement de la
tête aux pieds:
"Je
n'aime pas trop danser, tu veux bien qu'on sorte pour faire un tour?"
"Oh,
oui, avec plaisir!"
Ainsi,
je me retrouvais à me promener dans les rues désertes avec, à mes côtés, cette
fille magnifique qui m'intimidait énormément. Pourtant, petit à petit, le
silence gêné laissa d'abord la place à une conversation banale, puis à un
véritable échange amical.
La
nuit était douce. Nous nous sommes installés sur un banc et nous avons parlé
longuement. Je ne saurais expliquer par quel miracle je me sentis soudain si
bien et détendu avec Nicole. Je suppose que c'est parce qu'elle me parlait
surtout d'Agathe. J'avais déduit de ce qu'elle me disait qu'elle était
lesbienne. A aucun moment, je n'aurais imaginé avoir la moindre chance de
séduire cette fille magnifique, et l'idée qu'elle aimait les filles me conforta
dans cette impression.
Sans
espoir de la séduire, je n'avais pas ce trac ou cette pression qui me
paralysaient d'habitude quand je parlais avec une fille. Je pouvais être
moi-même. Pour la première fois, j'osais parler à quelqu'un de ma timidité, de
mon sentiment de solitude, malgré mon amitié avec Christian. On se comprenait.
Elle aussi disait se sentir souvent seule, malgré son amour inconditionnel pour
Agathe.
Je
n'avais jamais eu une conversation aussi agréable et intime avec personne.
Soudain, alors que nous ne nous étions pas touchés jusque-là, Nicole posa sa
tête sur mon épaule. Ce contact me fit frissonner de joie, et je crois qu'elle
le sentit. Elle se tourna vers moi pour me faire une bise sur la joue:
"Je
me sens en confiance avec toi. Tu es le premier garçon qui n'essaye pas de
m'embrasser ou de me tripoter."
Je
ne sais pas combien de temps nous restâmes là, sans bouger, mais je savourais
chaque instant.
La
vibration du smartphone de Nicole la fit se redresser et mit fin à cet instant
magique. Elle me dit que sa copine Agathe et Christian étaient dans notre
appartement et nous attendaient.
Même
si je connaissais parfaitement mon ami, j'eu un petit choc en le découvrant en
peignoir, assis sur notre canapé, avec Agathe en sous-vêtements, blottie contre
lui.
A
notre entrée, Agathe se leva et se précipita vers Nicole. J'admirais ses formes
quasiment parfaites tandis qu'elle enlaçait ma nouvelle amie. Nicole eut un
petit mouvement de recul et un regard dans lequel je perçu une pointe de
jalousie, mais elle succomba vite aux baisers et aux caresses d'Agathe.
En
regardant ces deux filles s'embrasser et se caresser, je fus soudain terriblement
excité. Christian s'approcha de moi et me chuchota:
"Elles
sont fabuleuses, ces deux nanas. On a touché le gros lot!"
Après
un instant à admirer les filles, il ajouta:
"Tu
devrais te déshabiller!"
Je
paniquai soudain. Je n'avais jamais couché avec une fille, et avoir mon premier
véritable rapport sexuel de cette manière, avec plusieurs personnes, me mettait
particulièrement mal à l'aise. Sans un mot, je courus me réfugier dans ma
chambre.
Je
m'allongeais tout habillé, bouleversé par un conflit intérieur. D'un côté, je
m'en voulais d'avoir paniqué et pris la fuite. Je craignais ce que Christian et
les deux filles pouvaient penser de moi.
En
même temps, je me persuadais que j'avais
bien fait. Je rêvais que le jour où je ferais l'amour pour la première fois ce
serait un moment merveilleux et romantique de complicité et de partage avec une
fille que j'aimerais, et qui m'aimerait.
Je
repensais aux doux instants que j'avais passés avec Nicole, et je pleurais doucement
dans mon oreiller.
Je
me réveillai en sursaut pendant la nuit. Quelqu'un frappait doucement à ma
porte. Je me redressai pour découvrir derrière ma porte entrouverte le sourire
timide de Nicole:
"Pardon,
je t'ai réveillé?"
"Euh, oui, non! Ce n'est pas grave."
Nicole
entra doucement. Elle était encore plus belle dans la pénombre. Elle ne portait
qu'un body blanc bordé de dentelles et des bas Dim-up clairs:
"Je
peux dormir avec toi? Je suis fatiguée, et Christian et Agathe…"
Des
gémissements venant de la chambre de Christian me firent comprendre rapidement
ce que Nicole essayait de me dire. A demi-conscient, je me levais rapidement
pour lui laisser une place dans mon lit. Je retirais également mes chaussures
et mes vêtements. J'hésitai un bref instant à retirer mon slip et mon teeshirt,
mais en voyant qu'elle s'était déjà endormie, j'y renonçai.
Comme
dans un rêve, je me glissais doucement à côté d'elle dans mon lit, en prenant
toutes les précautions pour ne pas la réveiller.
Le
lendemain matin, je me réveillais avec Nicole blottie dans mes bras. J'aurais
voulu que cet instant dure toujours, mais je dus me lever pour soulager une
envie pressante.
Quand
je revins dans ma chambre, Nicole était réveillée. Elle me fit signe de revenir
auprès d'elle, puis me chuchota:
"Tu
es vraiment quelqu'un de bien. Tu n'as pas essayé de profiter de la
situation."
Elle
se pencha ensuite doucement vers moi, et m'embrassa sur les lèvres! Ma discrète
érection matinale s'accentua si soudainement que Nicole la remarqua. Avec un
sourire, elle me proposa de m'aider à me soulager. Je sursautai légèrement
quand sa main se glissa dans mon slip et se saisit de mon sexe. Tandis que
j'étais paralysé par l'émotion, sa main me caressait lentement.
J'éjaculais
très (trop?) rapidement, ne parvenant pas à retenir un petit cri aigu et
ridicule, ce qui amusa beaucoup Nicole. Après m'avoir embrassé une nouvelle
fois, elle se leva et quitta ma chambre sans un mot. Après avoir rassemblé mes
draps souillés pour les laver, je me rhabillais rapidement pour aller acheter
des croissants.
Après
le petit déjeuner, les filles nous quittèrent, promettant que nous allions nous
revoir.
Comme
souvent après une nuit avec une fille, Christian me raconta tous les détails.
Il me décrivit de manière imagée comment Agathe et Nicole s'embrassaient et se
caressaient devant lui. Il me raconta son excitation quand Agathe déshabilla
lentement sa copine avant que celle-ci ne commence à lui administrer un savant
cunnilingus. Il s'amusa à essayer d'imiter les gémissements d'Agathe tandis que
Nicole s'affairait avec sa langue entre ses jambes.
En
écoutant Christian, j'imaginais la scène avec un pincement au cœur. J'avais
vraiment un faible pour Nicole et j'attendais avec appréhension, et je dois
l'admettre, de la jalousie, le moment où mon ami allait me dire qu'il l'avait
possédée.
Mon
vieux copain poursuivit son récit en me racontant comment il se joignit aux
deux filles en commençant par embrasser Agathe pendant que sa copine continuait
à s'affairer entre ses jambes. Il prit ensuite Nicole par la taille pour
l'embrasser à son tour et commença à lui caresser les fesses, mais alors qu'il
voulait lui retirer ses sous-vêtements, celle-ci le repoussa et s'éloigna pour
quitter la pièce.
En
entendant cela, j'étais soulagé. Mon ami n'avait pas couché avec Nicole. Je
n'avais aucune raison d'être jaloux!
Christian
poursuivit son récit en m'expliquant comment Agathe le retint en lui faisant
prendre la place de sa copine entre ses jambes, mais je ne l'écoutais que
distraitement. Je repensais aux moments privilégiés que j'avais partagés avec Nicole.
La
semaine suivante, Christian et moi reprenions nos habitudes. La fac, les
révisions et les jobs d'étudiants qui nous permettaient de subsister nous
prenaient tout notre temps. Mais nous pensions continuellement au prochain
week-end, pendant lequel nous avions rendez-vous avec Agathe et Nicole.
Le
samedi soir, j'étais plein d'espoirs en me dirigeant vers le bar de nuit où
Christian et moi avions décidé d'inviter les filles.
J'avais
espéré passer un maximum de temps en tête à tête avec Nicole, mais ce fut
Agathe qui prit l'initiative ce soir-là. Elle s'installa en face de moi et mena
toute la conversation. Alors qu'elle avait à peine fait attention à moi
jusque-là, elle me fit subir un véritable interrogatoire.
Ses
questions étaient d'abord banales. Elle m'interrogea sur mes goûts, sur mes
études, sur mes ambitions professionnelles. Pendant ce temps, Christian
veillait à remplir régulièrement nos verres, et parfois, comme il me connaissait
bien, il répondait à ma place, en se moquant gentiment de moi à l'occasion.
Petit
à petit, les questions d'Agathe devinrent de plus en plus gênantes, et même indiscrètes.
Avais-je des frères, des sœurs? Quels étaient mes rapports avec mes parents?
Avais-je une copine? Est-ce que j'étais puceau?
Alors
que j'étais de plus en plus irrité par toutes ces questions, ainsi que par la
manière dont Christian se mêlait de la conversation en racontant en riant des
anecdotes dont je n'étais pas forcément fier, je voyais à son regard que Nicole
semblait agacée elle aussi.
A
un moment, semblant fâchée, elle se leva de table pour aller aux toilettes
tandis que Christian alla commander de nouvelles boissons. Je me retrouvais seul
avec Agathe. Celle-ci changea de ton et posa sa main sur la mienne:
"Pardon,
je me rends compte que je suis allée un peu trop loin avec mes questions."
Ignorant
où elle voulait en venir, j'attendais la suite en silence.
"C'est
juste que j'aime Nicole, je l'aime plus que tu ne peux imaginer."
"Oui,
je comprends, et alors?"
"Tu
sais, Nicole t'aime beaucoup. C'est la première fois que je la vois avoir un
faible pour un garçon."
"Ah?"
"Oui,
c'est vrai. Alors je veux être sûre qu'on peut te faire confiance… Ce que
j'essaye de te dire, c'est que Nicole craque vraiment pour toi, et que j'espère
que tu ne lui briseras pas le cœur!"
J'étais
abasourdi par ce qu'Agathe venait de me dire. Je restais un long moment bouche
bée, encore sous le choc de l'interrogatoire que j'avais subi, et en même temps
très heureux de ce que je venais d'entendre. Je finis par réussir à
bredouiller:
"Non,
je ne ferais jamais de mal à Nicole, je te le promets!"
"J'ai
l'impression que nous avons un point commun, nous aimons tous les deux Nicole!"
En
disant cela, Agathe se pencha vers moi pour m'embrasser sur la joue.
C'est
à ce moment que Nicole vint nous rejoindre. Elle sembla soulagée qu'Agathe et
moi semblions bien nous entendre, malgré la discussion tendue qui avait
précédé.
La
suite de la soirée fut plus joyeuse, mais je bus bien plus que de raison, sans
doute à cause des émotions contradictoires qu'Agathe m'avait fait subir.
Plus
tard, nous étions de retour à l'appartement. En entrant, je m'affalais
lamentablement sur le divan. Ma tête me tournait et je me sentais mal, comme à
chaque fois que je buvais un verre de trop. Voyant cela, Christian me fit me
relever et m'accompagna aux toilettes pour me faire vomir.
Je
ne tenais plus debout et j'étais à demi-conscient. Mon ami me porta jusqu'à ma
chambre où il m'aida à me coucher. Nicole me retira mes chaussures tandis que
Christian alla chercher une bassine qu'il posa à côté de mon lit, au cas où
j'aurais encore envie de vomir.
Je
m'endormis peu après.
Le
lendemain matin, je me réveillai en premier, malgré l'état lamentable dans
lequel j'étais. J'avais la bouche pâteuse, une horrible migraine, bref, tous
les symptômes d'un lendemain de cuite. Il n'y avait aucun bruit dans
l'appartement. Malgré mon état, je trouvais le courage de me lever et d'enfiler
mes chaussures pour aller acheter des croissants, non sans avoir avalé une
aspirine.
A
mon retour, Agathe était levée et préparait un café. Elle portait un sweatshirt
de Christian qui lui arrivait à mi-cuisse. Je crois qu'elle ne portait rien
d'autre. Un bruit caractéristique m'indiqua que quelqu'un prenait une douche
dans la salle de bain. Agathe me fit comprendre que c'était Nicole:
"Christian
dort encore. Je crois que Nicole et moi l'avons épuisé hier soir!"
Sous
le choc, je lâchai le sachet de croissants. Agathe venait-elle de me dire que
Nicole et elle avaient couché avec Christian cette nuit?
Agathe
ramassa les croissants, me prit par la main et me fit assoir à table et s'assit
près de moi. Elle devinait clairement mes pensées. Je crois même qu'elle s'en
amusait:
"Tu
n'étais pas en état de te joindre à nous, alors nous nous sommes éclatés à
trois avec Christian."
J'avais
envie de hurler, de pleurer, mais je restais là, silencieux et incapable de
réagir. Agathe poursuivit:
"Tu
ne devrais pas être jaloux. Nicole et moi avons simplement profité d'une bonne
occasion de prendre du plaisir… Je ne parle pas de sentiments, ou d'amour, là.
Je ne parle que de sexe!"
Incrédule,
je baissais la tête, mais Agathe me prit le menton et me regarda dans les yeux,
semblant soudain plus sérieuse:
"Christian
est un beau mec, costaud et viril. J'aime coucher avec lui, mais je ne suis pas
amoureuse de lui, et Nicole non plus!"
"Ouais,
Christian est un mec costaud et viril, et moi je suis minable…"
"Il
ne faut pas dire cela! Tu as des atouts, toi aussi, il faut simplement les
mettre en valeur!"
Elle
me caressa la joue et me retira mes lunettes:
"Par
exemple, tu as de très beaux yeux, tu ne devrais pas les cacher ainsi derrière
ces verres."
"Je
n'ai pas vraiment le choix."
"Tu
devrais essayer les lentilles de contact."
Après
m'avoir servi un café, elle me caressa les cheveux:
"Et
puis tu devrais laisser pousser un peu tes cheveux, et changer un peu de look!"
"Qu'est-ce
qu'il a mon look? J'ai le même style que Christian."
"Oui,
je comprends, mais tu n'es pas comme lui. Il est grand et costaud. Avec ses
jeans et ses polos de rugby, il a tout du mâle viril. Toi, tu es plutôt petit,
mince…"
"Ouais,
je sais, pas sportif, pas viril, ridicule, quoi!"
Je
commençais à m'irriter tandis qu'Agathe s'en amusait:
"Tu
n'es pas ridicule, tu es seulement un peu complexé! Si tu prenais un peu plus
soin de toi et de ton apparence, en trouvant le style qui te convient le
mieux…"
Je
ne supportais pas la manière dont Agathe me parlait. J'allais me mettre en
colère quand Christian nous rejoignit. Il portait un simple caleçon, et sa musculature
étaient impressionnante.
Je
ne pus que baisser la tête à son entrée. Agathe avait raison. Je ne serais
jamais un mec aussi musclé et viril que mon ami, et je devais l'accepter et
cesser d'essayer de l'imiter…
D'un
regard, Agathe me montra qu'elle me comprenait. Elle se pencha pour m'embrasser,
cette fois sur la bouche:
"Je
t'aiderais, et Nicole aussi!"
A
ce moment, Nicole sortit à son tour de la salle de bain, enveloppée dans un
peignoir. Je surpris un échange de regards significatifs entre elle et Agathe.
Nicole fronça sévèrement les sourcils et secoua légèrement la tête, montrant
clairement son désaccord. Naïvement, je crus qu'elle était jalouse de voir sa
copine m'embrasser.
Ce
n'est que bien plus tard que je compris qu'à ce moment-là elle était encore en
désaccord avec les projets d'Agathe me concernant.
Après
un rapide échange silencieux de regards avec sa copine, Nicole prit un air de
résignation, vint s'assoir près de moi et m'embrassa à son tour. A cet instant
précis, je me sentis soudain beaucoup mieux. J'avais la sensation fugace que
ces deux superbes filles entraient en compétition pour me séduire.
En
réalité, elles venaient de décider de mon avenir.
Les
jours suivants, Christian et moi reprenions notre vie d'étudiants. Pourtant,
les choses avaient changé. Une gêne palpable s'était installée entre nous.
Christian
ne parlait plus de ses conquêtes féminines, il ne parlait plus du tout, en fait.
D'un côté, j'étais quelque peu soulagé, parce que je crois que je n'aurais pas
supporté qu'il me raconte ce qu'il avait fait avec Nicole. Pourtant, j'aurais
voulu savoir.
En
proie avec ce conflit intérieur, je voyais pourtant que mon ami était lui aussi
préoccupé. Lui qui était toujours très loquace et joyeux, je le surprenais
souvent pensif, les yeux dans le vague. L'impensable s'était-il produit? Mon
ami était-il tombé amoureux?
J'étais
désormais certain que Christian avait couché avec Nicole, et peut-être
plusieurs fois! C'était la première fois que mon ami ne passait pas tout son
temps à se vanter de ses prouesses amoureuses. Au contraire, il restait très
secret, comme si Nicole avait quelque chose de véritablement exceptionnel.
Plusieurs
fois, j'essayais de parler avec Christian, mais je renonçais au dernier moment,
en proie à la jalousie. De son côté, je sentais qu'il voulait lui aussi me dire
quelque chose quand il me regardait parfois avec insistance, mais quand il se
rendait compte que je l'avais remarqué, il baissait les yeux et retournait à
ses occupations sans un mot.
Un
soir, alors que je rentrais de la fac, je trouvais Agathe devant la porte de
notre appartement, seule. Christian était retenu à son travail. Je la fis
entrer et lui proposai un café, non sans lui demander des nouvelles de Nicole.
Après
avoir parlé quelques instants de la pluie et du beau temps, Agathe, désignant
mon tee-shirt informe, me demanda si je
ne voulais pas aller faire un peu de shopping avec elle. Je bredouillais que je
n'en avais pas vraiment les moyens, mais quand elle me proposa de trouver une
tenue qui plairait à Nicole, j'acceptais d'aller dépenser le peu d'argent que
j'avais réussi à mettre de côté.
Peu
après, dans les boutiques de la ville, Agathe me fit acheter un nouveau
pantalon gris clair, plus ajusté et moulant que les jeans trop larges que je
portais d'habitude, et une chemise couleur saumon, enfin c'est comme cela que
la vendeuse appelait cette couleur que je trouvais un peu trop rose à mon goût.
J'avais
un peu de réticence à porter des vêtements aux couleurs claires et vives, mais
je cédais devant l'insistance d'Agathe.
Un
peu plus tard, nous étions de retour à l'appartement. Christian n'était
toujours pas rentré. Agathe voulut me faire essayer mon nouveau pantalon. Avant
que je ne puisse réagir, elle avait déboutonné mon jean et l'avait baissé
jusqu'aux chevilles, se retrouvant le visage à la hauteur de mon sexe. Mon slip
informe ne cachait rien de mon début d'érection.
Avec
un sourire coquin, Agathe leva les yeux vers moi et me demanda:
"Est-ce
qu'une fille t'a déjà fait une fellation?"
Complètement
abasourdi par cette situation inattendue, je ne pus que secouer la tête pour
répondre par la négative.
Agathe,
accroupie devant moi, baissa alors lentement mon slip et commença à caresser
mon sexe, puis à le mettre en bouche. Paralysé par les sensations nouvelles qui
traversaient tout mon être, je fermais les yeux et la laissais faire.
Alors
que je croyais avoir atteint le sommet du plaisir, Agathe se mit à me caresser
l'anus avant d'y introduire un doigt. Sous l'effet de la surprise, je ne pus
pas réprimer un cri et un mouvement de recul:
"Chut,
tu vas voir, c'est encore meilleur comme ça!"
Tout
en continuant à me sucer, Agathe me poussa doucement vers le divan, sur lequel
je tombais, entièrement à sa merci. Tandis que le plaisir montait encore et
encore, j'entendais comme dans un rêve la voix d'Agathe:
"La
plupart des garçons l'ignorent, mais leur zone érogène la plus sensible, est
là, au niveau de leur prostate."
Mon
plaisir était tel que je n'étais plus vraiment conscient. Je réalisais
néanmoins que si Agathe me parlait, le plaisir que je ressentais ne pouvait pas
venir de la fellation, qu'elle avait interrompu, mais bel et bien du, ou des
doigts qu'elle faisait aller et venir dans mon cul.
C'est
dans cette position que Christian nous surprit, alors que j'éjaculais sans que
personne ne touche mon sexe. Mon plaisir retomba aussitôt, et je me dépêchai de
fuir vers ma chambre pour me rhabiller.
J'étais
sous le choc de ce qui venait de m'arriver. Je me remettais difficilement de
l'orgasme qui m'avait submergé, mais surtout j'avais honte d'avoir ressenti
autant de plaisir dans de telles circonstances, et d'avoir été surpris ainsi par
mon ami.
Après
un long moment, j'avais retrouvé quelque peu mes esprits, et je ressortis de ma
chambre pour voir Agathe embrasser Christian sur le pas de la porte. Au moment
de partir, elle tendit à mon ami un petit sachet, et partit.
Je
vis que le sachet portait le logo d'une pharmacie, mais j'étais trop perturbé
par ce qui venait de se produire pour poser des questions. Christian ferma la
porte, et se retourna vers moi. Curieusement, alors que j'avais honte d'avoir
été surpris par mon ami, c'est lui qui rougissait.
Sans
un mot, nous nous réfugiâmes tous les deux dans nos chambres respectives.
Les
jours suivants, l'ambiance se détendit quelque peu entre Christian et moi. Nous
recommencions progressivement à nous parler, même si nous évitions
soigneusement de parler de Nicole et d'Agathe.
C'était
d'autant moins difficile que nous ne voyions pas les deux filles tous les
week-ends. Elles étaient très occupées, et nous aussi.
Un
samedi soir où nous étions seuls, je demandais à Christian s'il voulait sortir,
mais il préféra rester à l'appartement. J'étais désormais certain qu'il était
tombé amoureux. Avant, il aurait saisi n'importe quelle occasion de sortir avec
une nouvelle fille.
Beaucoup
d'autres choses avaient changé chez mon ami. Il se levait avant moi tous les
matins et préparait le petit-déjeuner. Il était devenu gentil et prévenant avec
moi, me demandant souvent comment je me sentais, comme s'il s'inquiétait pour
ma santé.
J'imaginais
qu'il avait ressenti quelque chose parce que je tombais effectivement malade
peu de temps après. Un matin, à peine levé, je fus pris de violentes nausées. Inquiet,
Christian voulu appeler un médecin, mais je lui dis que ça allait passer. En
effet, je me sentais mieux durant la journée, mais le lendemain matin au
réveil, mes nausées reprirent de plus belle.
Christian
m'aida à me recoucher et passa un coup de fil. Un peu plus tard, Agathe et
Nicole arrivèrent à l'appartement avec une amie qu'elles me présentèrent comme
leur médecin. Tandis que le docteur, une très belle femme, m'examinait,
j'entendais mes amis s'agiter dans une autre pièce. Je ne comprenais pas ce
qu'ils disaient, mais j'avais l'impression qu'ils se disputaient.
Pourtant,
après avoir parlé avec le médecin, ils vinrent tous me rejoindre en souriant
dans ma chambre. Inquiet, je demandais s'il y avait un problème. Nicole vint
s'assoir sur mon lit et posa sa main sur mon front:
"Chut,
non, tout va bien. Tu dois te reposer, et tu iras mieux dans quelques jours. Avec
Sylvie, le docteur, tu es entre de bonnes mains. C'est une amie."
Le
docteur me prescrivit un médicament contre les nausées, ainsi qu'une prise de
sang.
Après
quelques jours pendant lesquels je me sentais progressivement mieux, j'allais
voir le docteur avec les résultats de ma prise de sang. Elle m'expliqua que je
n'avais rien de grave, mais qu'elle devait surveiller l'évolution de mon état
de santé.
Pour
me rassurer, elle m'expliqua en souriant qu'elle avait déjà rencontré de
nombreux cas comme le mien. En me prescrivant de nouveaux médicaments, elle
m'annonça que je ressentirais certainement d'autres symptômes désagréables
durant les prochaines semaines, mais que je ne devais en aucun cas cesser le
traitement qu'elle me prescrivait.
En
sortant de chez le médecin, je fus agréablement surpris de voir qu'Agathe et
Nicole étaient là et m'attendaient. Elles me proposèrent de passer l'après-midi
avec elles, ce que j'acceptais avec enthousiasme, même si j'aurais dû aller en
cours.
Cet
après-midi fut l'un des plus agréables moments que j'avais vécu. Après un
passage dans une pharmacie, les deux filles m'emmenèrent en ville pour faire du
shopping. En d'autres temps, une telle occupation m'aurait ennuyé, mais là, mes
deux amies rivalisaient de petits gestes de tendresse et de marques d'affection
pour attirer mon attention. Nous passions de boutique en boutique où Agathe et
Nicole m'offraient un véritable spectacle en essayant des tenues toutes plus
belles et sexy. Je craquais notamment pour une petite robe noire dans laquelle
Nicole était tout simplement sublime. Je me souviens aussi avec émotion d'une
tenue d'écolière avec mini-jupe plissée qu'Agathe essaya comme un gag.
Après
un arrêt dans un café, Agathe offrit à Nicole une combi-short moulante et une
paire de cuissardes à talons aiguille. Quand Nicole entra dans la cabine pour
essayer cette tenue, j'étais gêné pour elle, pensant qu'elle allait avoir l'air
d'une pute. Pourtant, quand elle en sortit, j'avais l'impression de voir une
star des années soixante-dix. Elle n'avait pas l'air vulgaire du tout, bien au
contraire!
Nicole
garda tout de suite cet ensemble sur elle, et je fus très ému de marcher dans
la rue avec elle. Je prenais beaucoup de plaisir à regarder mon reflet dans les
vitrines des magasins avec cette fille superbe à mon bras… Même si, avec ses
talons, elle me dépassait quasiment d'une tête.
Plus
loin, Agathe et Nicole m'entrainèrent dans une bijouterie. Elles s'extasièrent
un moment devant divers bijoux, avant de se tourner vers moi avec des boutons
d'oreilles en or. Après une hésitation, je compris qu'elles me proposaient de
me faire percer les oreilles. Mon premier réflexe fut de prendre la fuite, mais
comment refuser quelque chose à deux filles aussi magnifiques?
Ainsi,
pour la première fois, je me retrouvais les oreilles percées et ornées de
bijoux en or. Tandis que je tentais de m'habituer à mon nouveau reflet en me
regardant dans un miroir, Nicole et Agathe m'embrassèrent toutes les deux sur
la bouche, ce qui surprit visiblement la vendeuse.
J'étais
sur un petit nuage en rentrant à l'appartement. Quand Christian me vit, il ne
remarqua d'abord rien de particulier. J'étais rassuré. Mes boutons d'oreilles
plaisaient à mes amies, mais étaient suffisamment discrets pour ne pas attirer
l'attention.
Un
peu plus tard, alors que nous étions à table pour le repas du soir, Christian
me regarda fixement, puis, avec un air étonné, me demanda:
"C'est
nouveaux, ça? Tu portes des boucles d'oreilles?"
"Oui,
c'est un cadeau de Nicole et Agathe."
"Oh,
ben, elles te vont bien!"
Je
le remerciais en rougissant, puis je lui racontais mon après-midi avec nos deux
amies.
Quand
notre conversation en arriva à ma visite chez le docteur, je me souvins soudain
que je devais prendre mon traitement. Je fis promettre à Christian de me
rappeler de le prendre régulièrement.
Il
me regarda longuement avec un air sérieux, comme s'il hésitait à me répondre,
puis, avec un sourire soudain, il me répondit:
"Oui,
bien sûr, tu peux compter sur moi! J'y veillerais! Tu dois rester en bonne
santé et bien suivre les recommandations du docteur!"
Nous
passions une grande partie du week-end suivant en compagnie de Nicole et
Agathe. Je portais à cette occasion la tenue colorée achetée quelques jours
auparavant avec Agathe, et les filles me complimentèrent.
Comme
le premier soir, Agathe resta avec Christian tandis que Nicole vint dormir avec
moi dans ma chambre. J'aurais voulu faire l'amour avec elle, mais, toujours
très intimidé, je n'osais pas aller au-delà de quelques caresses et baisers. De
plus, Nicole disait apprécier ce respect que je lui montrais…
Le
matin, au petit déjeuner, Agathe se blottissait contre la musculature de
Christian, mais celui-ci n'avait d'yeux que pour Nicole.
Un
instant, j'eu la sensation que c'est moi que Christian regardait avec tant
d'insistance, mais je me raisonnais en me disant qu'il n'y avait aucune raison,
et qu'il admirait Nicole, qui restait près de moi.
Quelques
jours plus tard, après un rendez-vous de contrôle chez mon ophtalmologue,
j'essayais pour la première fois des lentilles de contact. Ravi d'être
débarrassé de mes épaisses lunettes, j'appelais Agathe pour lui annoncer que
j'avais suivi son conseil.
Elle
me donna immédiatement rendez-vous en ville le lendemain. Je voulus d'abord
refuser, parce que j'avais cours, mais la tentation était trop forte de passer
un agréable moment avec mes deux amies.
Ainsi,
le lendemain, quand je retrouvais Nicole et Agathe dans un café, elles
m'accueillirent avec un enthousiasme que je ne leur connaissais pas. Elles me
firent de nombreux compliments sur mon apparence, ce qui me m'émut énormément.
Je ne parvins pas à empêcher quelques larmes de couler.
Comme
mes cheveux avaient poussé et couvraient partiellement mes oreilles, les filles
m'entrainèrent chez un coiffeur. Je pensais d'abord me faire simplement couper
les cheveux très courts comme j'en avais l'habitude, mais Agathe et Nicole
m'encouragèrent à essayer autre chose.
Peu
après, je me retrouvais avec le même brushing que Justin Bieber à ses débuts,
et avec de nombreux produits pour entretenir mon nouveau look. J'avais d'abord
quelques doutes sur cette coiffure qui me donnait des airs de filles, surtout
avec mes lobes d'oreilles mis en valeurs par les boutons dorés. Pourtant, une
fois de plus, je me laissais influencer par l'enthousiasme que me montraient
mes deux amies.
Ce
soir-là, quand Christian me vit, son premier réflexe fut de se moquer de moi:
"Mais
c'est quoi cette tête? Tu fais dans le look tapette, maintenant?"
Cette
remarque me blessa, mais curieusement, plutôt que de répliquer comme je le
faisais souvent, ou même me mettre en colère, je me mis à pleurer de manière
incontrôlable. Christian me prit par l'épaule:
"Pardon,
je suis désolé, je ne voulais pas dire cela… En fait, je dois t'avouer. Je suis
jaloux, tu passes plus de temps avec Nicole et Agathe que moi!"
"Toi,
tu es jaloux?"
"Ben
oui, tu partages avec ces filles des trucs que je ne pourrais jamais
avoir!"
"Tu
penses vraiment ce que tu dis?"
"Tu
en doutes? Depuis le temps qu'on est potes?"
Rassuré
par ces paroles, je parvins à me calmer. Mais je commençais à m'inquiéter de
ces montées d'émotions contradictoires que je subissais sans pouvoir les
contrôler.
Plus
tard, alors que je m'étais couché et que je commençais à m'endormir, j'entendis
Christian parler au téléphone avec quelqu'un:
"Il
change tellement, et si vite!"
…
"Mais
tu es vraiment sûre que c'est sans risque?"
…
Oui,
je sais, on en a déjà parlé.
…
"Non, bien sûr, je veux vraiment aller
jusqu'au bout, mais je ne me sens pas très bien à l'idée de lui cacher la
vérité.
…
Non,
tu as raison, les changements sont encourageants.
…
"Bon,
tu me promets que ça va bien se passer?"
J'étais
dans un demi-sommeil, j'avais la sensation de rêver. Ce n'est que bien plus
tard que je me suis souvenu de cette conversation, que j'ai compris qu'il ne
s'agissait pas d'un rêve.
Pendant
les semaines suivantes, ma vie fut régulièrement ponctuée de petits incidents
auxquels je n'attachais que peu d'importance. Pourtant, aujourd'hui je sais que
mis bout-à-bout, chacun de ces événements constituent un faisceau d'indices qui
auraient dû m'ouvrir les yeux sur les changements qui se produisaient en moi,
et surtout sur la cause de ces changements.
Par
exemple, un matin, je me rendis compte que j'avais de plus en plus de mal à
enfiler mes pantalons parce que je grossissais au niveau des cuisses et des
fesses. Peu après, des démangeaisons désagréables commencèrent à m'irriter au
niveau de mes tétons.
Comme
je l'avais déjà ressenti, mes émotions devenaient incontrôlables. Je pleurais
pour un rien, de joie ou de tristesse, selon les moments.
Je
me résolus à parler de tout cela à Sylvie, mon médecin, quand je retournais la
voir pour contrôler mon état de santé. Elle m'expliqua que mes symptômes et mes
tests sanguins ne laissaient plus aucun doute:
"Pierre,
vous souffrez d'un dérèglement hormonal."
"Ah?
Et qu'est-ce que ça veut dire, en clair?"
"Rassurez-vous,
c'est plus courant qu'on ne le croit. Le corps se développe sous l'influence de
substances chimiques appelées hormones."
"Oui,
j'ai appris cela au lycée."
"Bien!
Chez vous, depuis quelques temps, les hormones féminines sont plus présentes
que les hormones masculines. Votre corps prend donc peu à peu des
caractéristiques secondaires féminines… Vos fesses s'arrondissent, votre
poitrine est plus sensible, sans parler de vos émotions, que vous dites ne plus
parvenir à contrôler. En clair, vous vivez une seconde puberté, mais cette
fois, c'est une puberté de jeune fille!"
"Mais,
mais d'où ça vient? Qu'est-ce qui a provoqué ça?"
"Je
ne pourrais pas l'expliquer avec certitude. Les causes peuvent être génétiques,
ou causées par un traumatisme, physique ou psychologique…"
"Mais,
on peut le soigner, non?"
"Vous
voulez dire, en vous injectant des hormones masculines?"
"Euh,
oui, je suppose."
"C'est
extrêmement dangereux. Vos organes, comme vos reins ou votre foie, pourraient
être endommagés par un tel traitement."
"Mais
alors, qu'est-ce qu'on peut faire?"
"Pour
l'instant, je crains de ne pas pouvoir faire plus. Poursuivez le traitement que
je vous ai prescrit, et revenez me voir régulièrement pour surveiller votre
état de santé. Je dois préciser qu'il est excellent!"
"Ah,
bien, ça fait au moins une bonne nouvelle. Mais alors qu'est-ce que je dois
faire pour…"
En
disant cela, je montrais mes fesses arrondies. Sylvie ne put retenir un petit
rire:
"Je
suis désolée, il faudra sans doute vous acheter d'autres vêtements. Des
pantalons plus adaptés à votre morphologie, par exemple. Pour cela, vos amies
Agathe et Nicole pourront mieux vous conseiller que moi!"
Pendant
que j'écoutais ce que me disait Sylvie, je me grattais machinalement la
poitrine. Elle m'arrêta:
"Il
ne faut surtout pas gratter, même si cela vous démange. Vous devriez essayer de
porter des tissus plus doux sous vos vêtements, comme de la soie ou du satin.
Cela serait moins irritant que vos tee-shirts en coton."
"De
la soie ou du satin? Ce genre de sous-vêtement n'existe pas pour les
hommes!"
"Personne
ne va voir vos sous-vêtements! Et puis ce n'était qu'une idée. Vous faites ce
que vous voulez… Mais arrêtez de vous gratter!"
En
sortant du cabinet médical, j'étais bouleversé. J'appelai immédiatement Nicole.
Etonnamment, Agathe et elle n'étaient pas loin. Elles me rejoignirent en
quelques minutes.
Je
tombais dans les bras de Nicole en pleurant. Entre deux sanglots, je parvins à
expliquer ce qui m'arrivait. Les filles m'emmenèrent dans un café, où, après
une longue conversation, je parvins à me calmer.
Comme
je recommençais à me gratter la poitrine, Agathe et Nicole m'entrainèrent dans
une boutique de lingerie. Malgré mes protestations, elles me firent essayer un
caraco en satin. A contrecœur, j'admis que ce sous-vêtement, si féminin et
bordé de dentelles était très agréable à porter. Agathe m'en offrit deux. Je
protestais quand je vis le prix, mais elle insista, disant qu'elle en avait
largement les moyens. J'en gardais immédiatement un sur moi, caché sous ma chemise.
La douceur du satin soulageait quelque peu les irritations de mes tétons.
Mes
deux amies m'entrainèrent ensuite dans une boutique de prêt-à-porter, où elles
se dirigèrent vers les rayons de pantalons pour femmes. Une fois de plus je
protestais, une fois de plus, mes protestations étaient vaines. En essayant des
pantalons pour femme, je constatais que leur coupe se mariait parfaitement avec
les nouvelles formes de mon corps. En me regardant dans la glace, je fus obligé
d'accepter les arguments d'Agathe, qui me disait que personne ne verrait la
différence avec un pantalon pour homme. Alors que j'essayais un nième pantalon,
en me lamentant auprès de Nicole que je n'avais pas les moyens de m'offrir de
nouveaux vêtements, Agathe fila discrètement à la caisse pour me payer deux
pantalons que j'avais essayés. Quand elle revint m'annoncer que c'était réglé,
je fus particulièrement gêné:
"Mais
Agathe, tu es folle! Je ne pourrais jamais te rembourser!"
"Ne
t'inquiète pas pour ça! Je te l'ai dit, j'ai les moyens. Si mon argent ne sert
pas à aider les amis, alors à quoi peut-il bien servir?"
Je
me tournai vers Nicole, qui approuva d'un signe de tête. Je ne pus que
remercier Agathe en l'enlaçant. Celle-ci, qui avait fait plusieurs achats, me
tendit l'un des paquets qu'elle portait:
"Enfile
ce jean tout-de-suite. Tu seras plus à l'aise que dans le pantalon trop serré
que tu portes. "
Je
m'exécutais, et une vendeuse vint m'aider à retirer les étiquettes pour que je
puisse immédiatement garder mon nouveau pantalon sur moi. Ensuite, Agathe me
tendit un autre paquet, me disant que c'était un autre pantalon que j'avais
essayé. Je la remerciais une nouvelle fois, et nous quittions la boutique.
Une
fois de plus, j'avais passé ma journée avec mes amies plutôt que d'aller en
cours. Je commençais à craindre que mes prochains examens allaient être
désastreux.
Rentré
à l'appartement, je fus accueilli par Christian, qui me demanda de mes
nouvelles. Je lui racontais ma journée, mais je n'eus pas le courage de lui
parler de mon dérèglement hormonal. Il me proposa de lui montrer mes achats.
J'ouvris le paquet qu'Agathe m'avait offert. Il y avait bien un pantalon beige
que j'avais essayé, mais aussi la veste assortie. C'était un tailleur pour femme
complet!
Amusé,
Christian me poussa à essayer l'ensemble devant lui. La tête basse, je
m'exécutais. En tournant autour de moi, mon ami siffla:
"Il
est classe, ton nouveau costume!"
Je
ne savais pas s'il se moquait de moi, ou s'il pensait que c'était effectivement
un costume pour homme. Je renonçais à me poser la question, mais sur le moment,
j'étais bien décidé à ne pas porter ce tailleur en public.
Dans
la nuit du samedi suivant, je profitais d'être à nouveau en tête à tête avec
Nicole pour lui parler de mes inquiétudes:
"Je
dois te l'avouer, j'ai peur."
"Peur
de quoi?"
"De
ce qui m'arrive en ce moment! J'ai l'impression que mon corps ne m'appartient
plus, que je ne contrôle plus rien!"
"Je
comprends…"
"Tu
es gentille, mais je ne crois pas que tu peux comprendre. Je change tellement
en ce moment que j'ai peur de ne jamais être un homme!"
En
parlant de mes angoisses à Nicole, je ne pus retenir mes larmes:
"Tu
vois, je n'arrive même pas à me contrôler, je pleure comme une fille!"
"C'est
quoi, ces préjugés, les garçons pleurent eux aussi!"
"Sans
doute, mais pas comme ça, pas sans raison!"
"Je
te l'ai dit, je te comprends… Bien mieux que tu ne peux l'imaginer! Tu te
voyais comme un homme ordinaire, avec un avenir normal, avec une femme, des
enfants, un boulot… Et maintenant tu as peur de n'avoir rien de tout
cela."
"Ouais,
si tu veux, il y a un peu de cela, mais c'est plus compliqué… Ma vie est
devenue si compliquée!"
Je
me remis à sangloter entre les bras de Nicole. Elle me poussa gentiment pour
m'obliger à m'allonger sur le dos, puis se plaça au-dessus de moi:
"Tu
vas voir, je vais te montrer que tu es bien un homme!"
Sur
ces mots, elle baissa mon slip et se mit à sucer mon sexe. Mis à part la rapide
masturbation du premier matin, elle n'avait jamais accepté de pratique sexuelle
avec moi. Je restais un moment sous le choc de la surprise, incapable de
bouger, puis, petit à petit, sous les caresses expertes de Nicole, ma bite se
mit à gonfler. Je ne pouvais pas m'empêcher de gémir tandis que mon amie
faisait monter et descendre ses lèvres humides le long de mon sexe.
Mon
plaisir montait tandis que mes mains caressaient les cheveux de Nicole,
accompagnant les mouvements de sa tête. Ma jouissance fut si soudaine que je ne
pus pas prévenir mon amie qu'elle arrivait, et j'inondai son visage de sperme.
Tandis
qu'elle s'essuyait avec un mouchoir, je m'excusais auprès de Nicole. Elle se
retourna vers moi pour m'embrasser, me faisant goûter pour la première fois la
saveur âcre du sperme.
Je
lui proposai de lui donner à mon tour du plaisir, mais elle refusa, disant
qu'il fallait dormir.
J'étais
particulièrement heureux de l'évolution de mes rapports avec Nicole, mais la
semaine qui suivit fut particulièrement difficile pour moi.
D'abord,
en raison des cours que j'avais manqués, je ratais un examen partiel. La
réussite de mes études s'annonçait mal.
Ensuite,
deux jours plus tard, je fus licencié de mon job d'étudiant. Je faisais le
service dans un fast-food, et j'eu une crise de larmes devant des clients
particulièrement agaçants. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait.
Le gérant m'expliqua qu'il ne pouvait pas garder un employé qui ne maitrisait
pas ses nerfs.
Christian
et Agathe, très généreusement, me proposèrent de m'aider financièrement, le
temps que je retrouve un nouvel emploi. J'étais très touché de leur
proposition, mais en même temps, particulièrement gêné de devoir dépendre
d'eux.
J'appelais
mes parents, dans l'espoir d'avoir un peu d'aide de leur part, mais en vain.
Ils n'avaient pas les moyens de m'aider financièrement. De plus, ils
m'annoncèrent qu'ils envisageaient de se séparer. Est-il nécessaire de préciser
que ce coup de téléphone ne me remonta pas le moral?
En
fin de semaine, j'avais l'impression d'avoir touché le fond, mais un nouveau
coup du sort m'attendait. Le matin, sous la douche, je me rendis compte que ma
poitrine n'était pas seulement irritée, mais qu'elle avait commencé à pousser.
Je commençais à avoir des seins! Ils étaient petits, comme une poitrine
d'adolescente, mais il n'y avait aucun doute, j'avais des seins!
Sous
le choc, je n'allais pas en cours ce jour-là, restant prostré dans ma chambre.
Le
week-end suivant, je voulus également rester enfermé dans ma chambre.
Christian, comprenant que quelque chose n'allait pas, fit venir Nicole et
Agathe. Je refusai d'abord de les voir, mais la douceur de Nicole et l'autorité
naturelle d'Agathe me persuadèrent de les laisser entrer.
Elles
savaient que je souffrais d'un dérèglement hormonal. Je supposais donc qu'elles
ne seraient pas trop surprises par le développement de ma poitrine. Je fus
effaré par leur réaction quand j'osai enfin leur montrer. Non seulement elles
ne semblèrent pas étonnées, mais elles prirent la nouvelle avec bonne humeur,
surtout Agathe:
"Oh,
comme ils sont mignons! Je peux toucher?"
Joignant
le geste à la parole, elle me caressa délicatement les seins, ce qui me fit
frissonner de plaisir. Ravie de voir que ses caresses me faisaient un tel
effet, Agathe poursuivit:
"Il
faut immédiatement aller t'acheter un soutien-gorge!"
Nicole
approuva:
"Oui,
d'ailleurs on connait la boutique parfaite pour cela!"
Je
repliai mes bras devant ma poitrine, sans me rendre compte à quel point ce
geste était féminin:
"Non,
ce n'est pas possible. Je ne peux pas porter de soutien-gorge!"
"Si,
malheureusement, ça va être vite indispensable!"
"Mais…
Mais je ne peux tout de même pas entrer dans une boutique de lingerie et demander
à essayer un soutien-gorge!"
"Et
pourquoi pas?"
"Mais,
parce que je suis un garçon!"
"Oui,
tu as raison, tu devrais te déguiser en fille avant d'y aller!"
"Vous
rigolez, les filles?"
"Mais
non, pas du tout!"
Sur
ces mots, Agathe et Nicole m'entrainèrent d'autorité vers la salle de bain où
elles me firent me déshabiller, et me poussèrent sous la douche. Sous leurs
instructions, je me rasais soigneusement le visage, les jambes, et les dessous
de bras. Je n'étais pas très poilu, mais après cela, mon corps n'avait plus
aucune trace de virilité, à part mon petit sexe qui pendouillait lamentablement
entre mes jambes.
Les
deux filles me firent enfiler un slip, non sans préciser en plaisantant qu'il
me faudrait des nouveaux dessous, et que j'allais devoir renoncer à mes
sous-vêtements de garçon.
Nicole
me fit assoir et sortit de son sac à main quelques ustensiles de maquillage.
Elle s'approcha avec une pince à épiler. Je voulu la repousser:
"Non,
Nicole, qu'est-ce que tu fais?"
Agathe
me prit les mains, tandis-que Nicole s'asseyait sur mes genoux, face à moi:
"Allons,
laisse-toi faire, on va juste t'affiner un peu les sourcils!"
"Aïe!"
"Oh,
comme il est douillet, continue, Nicole!"
Ainsi,
en quelques instants, mes sourcils se retrouvaient affinés, et mon visage,
jusque-là quelque peu androgyne, était soudain très féminin. Nicole accentua
encore mon apparence féminine par deux simples trais de crayons autour des
yeux, un peu de mascara, et un gloss transparent sur les lèvres.
Même
avec un maquillage aussi simple, mon reflet dans le miroir me renvoyait l'image
d'une jeune fille.
Nicole
me mit un peu de son parfum, avant de me reconduire à ma chambre pour
m'habiller.
Sous
la direction des filles, j'enfilais l'un de mes caracos bordés de dentelle, mais
elles m'interdirent de mettre une chemise. Elles m'obligèrent à mettre le
tailleur beige qu'Agathe m'avait offert. Je voyais que la veste fermée du
tailleur laissait entrevoir le haut des dentelles du caraco, et cette vision me
troublait énormément.
J'enfilais
ensuite une paire de chaussettes et je voulu mettre mes grosses chaussures de
garçon, mais Agathe m'arrêta:
"Non,
ça ne va pas du tout! Il faudrait qu'on t'achète d'abord des chaussures qui
iront bien mieux avec cette tenue. Attends, retire tes chaussettes, j'ai
toujours une paire de mi-bas dans mon sac, au cas où…"
Elle
me tendit la paire de mi-bas fins couleur chair, que j'enfilais sans rechigner,
tant j'étais incrédule de ce qui m'arrivait. J'enfilais ensuite une paire de
baskets.
En
me regardant dans la glace du placard, j'étais content que Christian ait été
obligé de s'absenter. Agathe faisait la moue:
"Ça
ne va vraiment pas, ces baskets. C'est décidé, on va d'abord acheter des
chaussures!"
Et,
tandis qu'elle m'entrainait à l'extérieur de l'appartement et que je me
retrouvais avec mes clefs à la main, sans aucune poche pour les ranger, Nicole
ajouta:
"Et
il te faut aussi un sac à main!"
J'avais
l'impression de vivre un rêve, ou plutôt un cauchemar. Tout ce que je vivais me
semblait tellement irréel que je suivais mes deux amies sans réagir.
Notre
premier arrêt fut dans une boutique de chaussures où Agathe voulut d'abord me
faire essayer une paire d'escarpins à talons. Voyant que cela ne m'amusait pas
du tout, elle se ravisa et me montra une paire de derbies pour femmes, qui
ressemblaient beaucoup à des chaussures pour hommes. J'acceptais de bon cœur de
les essayer, et, comme elles m'allaient et qu'elles plaisaient à mes amies, je
les gardais immédiatement aux pieds.
Dans
la même boutique, Agathe m'offrit un petit sac à main assorti aux chaussures,
où je pus ranger mes clefs.
L'étape
suivante fut bien plus difficile pour moi. Mes deux amies durent palabrer
longuement avec moi avant que je n'ose entrer avec elles dans une boutique de
lingerie. La vendeuse accueillit Agathe et Nicole en leur faisant la bise, ce
qui me rassura quelque peu. C'était une amie.
Pourtant,
soudain, je paniquai quand Agathe voulut me présenter à Martine, la vendeuse:
"Je
te présente mon amie…"
Elle
hésita, et Nicole intervint:
"Perrine!
Elle s'appelle Perrine!"
Martine
me fit la bise, tandis qu'Agathe lui expliquait que j'étais un garçon manqué
qui désirait changer et se féminiser. Je crus voir Agathe et Martine échanger
un clin d'œil, mais autre chose me gênait.
Tandis
qu'Agathe et Martine allaient chercher des articles qui pouvaient me convenir,
je me tournai vers Nicole et lui dis à voix basse:
"Perrine?
Pourquoi Perrine? C'est quoi, ce prénom?"
"Ben,
c'est un joli prénom, et puis j'ai improvisé, j'ai essayé de trouver quelque
chose qui ressemble un peu à Pierre!"
"Chut!
Elle va entendre!"
Martine
et Agathe étaient de retour, les bras chargés de divers articles de lingerie,
et elles me poussèrent vers une cabine d'essayage, tandis que Nicole était
prise d'un fou-rire, ce qui m'agaça particulièrement.
Agathe
entra avec moi dans la cabine et me fit retirer la veste et le caraco avant de
me montrer un premier soutien-gorge, qu'elle m'aida à enfiler. Elle s'amusa
particulièrement à me le faire agrafer et dégrafer plusieurs fois pour
m'entrainer à faire ce geste sans aide.
En
me regardant dans un miroir avec mon premier soutien-gorge, je fus choqué de
voir à quel point il mettait en valeur ma petite poitrine. Agathe me repoussa
dans la cabine avec d'autres articles tandis que Nicole sortait de la boutique
pour prendre l'air, toujours hilare.
Après
plusieurs essayages, Agathe sembla satisfaite et je faillis m'étrangler en
l'entendant annoncer à la vendeuse:
"Parfait,
on va prendre ces deux soutiens-gorge. C'est inutile d'en prendre plus pour
l'instant, sa poitrine va encore grossir!"
Puis,
elle me repoussa vers l'intérieur de la cabine:
"Bien,
et maintenant, les culottes assorties!"
Nicole,
qui venait de rentrer dans la boutique en s'essuyant les yeux ressortit en
riant de plus belle.
Peu
après, je ressortais de la boutique de lingerie, portant sous mes vêtements mon
premier soutien-gorge et une petite culotte assortie, et avec à la main un sac
contenant d'autres articles de lingerie féminine à ma taille.
En
reprenant le chemin du retour, je n'avais qu'une hâte. Je voulais rentrer et
pouvoir me changer avant le retour de Christian. Malheureusement, il était déjà
là, à nous attendre.
Quand
il me vit, il resta bouche-bée, tandis que je restais sous le choc, rougissant
et tremblant. Je vis du coin de l'œil Nicole qui voulut faire un geste vers moi,
mais qu'Agathe retint. Au bout d'un instant qui me sembla une éternité,
Christian me prit par les épaules et me regarda dans les yeux:
"Rassure-toi,
Agathe m'a tenu au courant de ce qui t'arrive. Je sais tout… Mais je ne
m'attendais pas à te voir comme ça! Comment dire, tu fais une jolie nana!"
"Euh,
merci, je suppose…"
"Non,
c'est sincère! Tu devrais rester comme ça, ça te va super bien!"
Je
me mis à pleurer:
"Mais,
je ne veux pas rester comme ça. C'est juste un dérèglement hormonal, c'est
passager, enfin, j'espère!"
Christian
me prit dans ses bras:
"Chut,
il ne faut pas pleurer, je suis là, et je serais toujours là, quoi qu'il
arrive. On est potes depuis des années, et ça ne va pas changer!"
En
sanglotant, je remerciai mon ami, et je ressentais sa force qui m'enveloppait.
Je réalisai soudain qu'on n'avait jamais échangé une telle démonstration de
tendresse. Intérieurement, je voulais repousser mon ami, je voulais prendre la
fuite, je craignais qu'il pense que j'avais des sentiments homosexuels.
Pourtant, je ressentais sa force rassurante, et je me blottissais en confiance
dans ses bras.
Cet
instant si unique fut interrompu par Agathe:
"Bon,
et si on sortait?"
Devant
l'enthousiasme général, je ne pouvais pas refuser. Nicole retoucha mon
maquillage, parce que mes larmes l'avaient fait couler, et le sien, parce
qu'elle avait pleuré de rire.
Le
début de cette soirée fut très éprouvant pour moi. Je me demandais
continuellement ce que les personnes que nous croisions pensaient en me
regardant.
Finalement,
quand je vis que personne ne prêtait particulièrement attention à moi, je
parvenais à me détendre, d'autant que mes amis étaient tous les trois très
chaleureux avec moi.
En
fin de soirée, l'alcool aidant, j'étais parfaitement détendu, sans doute un peu
trop. Je me retrouvais dans les bras de Christian, tandis qu'Agathe et Nicole
reformaient leur couple lesbien. De retour à l'appartement, Nicole et Agathe,
un peu excitées, nous laissèrent seuls, Christian et moi. Elles voulaient se
retrouver, ce que nous acceptâmes de bon cœur.
Soudain,
je me retrouvais seul avec Christian dans cet appartement que nous partagions
depuis des mois. Nous sommes restés un long moment silencieux, à nous regarder
dans les yeux. Je me plongeais avec délectation dans la douceur du regard de
Christian, avant de réaliser soudain qu'il ne me regardait pas comme son vieux
copain, mais comme une jeune femme qu'il désirait.
Intérieurement,
je me mis à paniquer. Pourtant, je parvins à garder mon calme. Je remerciais
Christian pour la bonne soirée, et, sans savoir moi-même pourquoi, je
l'embrassais sur la joue avant d'aller rapidement m'enfermer dans ma chambre.
Je
dormais peu cette nuit-là. J'essayais de comprendre ce qui m'arrivait, sans y
parvenir. Je me posais également des centaines de questions sur mon ami
Christian. Est-ce qu'il me désirait comme j'en avais eu l'impression? Etait-il
possible que mon ami ait des désirs homosexuels? Et surtout, est-ce que cette
idée me dérangeait tant que cela?
Mon
dérèglement hormonal avait-il une influence sur mes propres désirs?
Les
semaines suivantes furent pénibles pour moi. J'essayais de rester le garçon que
j'avais été jusque-là en portant uniquement mes vêtements masculins, mais je
fus progressivement obligé d'y renoncer. Avec mes fesses qui s'arrondissaient,
je ne parvenais plus à enfiler mes anciens pantalons.
Dans
un premier temps, je ne portais pas de soutien-gorge, sauf quand mes amis m'y
encourageaient. Pourtant, l'inconfort causé par mes seins qui grossissaient de
plus en plus ne me laissa pas d'autre choix. Le temps qui se rafraichissait me
permettait de cacher ma poitrine sous des pulls amples.
Je
cherchais, sans succès, un nouvel emploi, et je dépendais financièrement de
Christian et d'Agathe. Tous ces problèmes, ainsi que mes doutes et angoisses
m'empêchaient de me concentrer en cours. J'accumulais les échecs pendant mes
examens partiels.
De
son côté, Christian devenait nerveux et irritable. A la moindre occasion, il se
montrait de plus en plus impatient. Nous nous disputions parfois.
Sans
la douceur et l'enthousiasme de Nicole et Agathe, que je voyais deux ou trois
fois par semaine, j'aurais sans doute sombré dans une grave dépression dans
cette période. Pourtant, je ne me sentais pas toujours très à l'aise en leur
présence.
Quand
elles m'emmenaient faire du shopping, ce qui était indispensable avec les
changements qui se produisaient dans mon corps, j'étais gêné parce qu'elles me
poussaient de plus en plus à essayer des articles féminins. Par exemple, Agathe
m'offrit un ensemble pantalon et veste bleu pâle. Si sa forme pouvait évoquer
un costume masculin, la couleur était bien trop tendre pour ne pas être une
tenue féminine.
Avec
l'arrivée du froid, j'acceptais de commencer à porter des collants sous mes
pantalons. Cette étape fut sans doute la plus facile pour moi. Les collants
étaient très agréables à porter, et chauds. Le même jour, Agathe m'acheta des
bottines. Quand je vis qu'elles avaient des petits talons, je voulus refuser de les porter, mais comme
toujours, les gestes de tendresse de mes deux amies m'incitèrent à cette
nouvelle concession.
C'est
un week-end que tout bascula. J'étais seul avec Nicole dans ma chambre. Une
fois de plus, je lui faisais part de mes angoisses de ne plus être un homme.
Comme
elle l'avait fait précédemment, elle me fit une magnifique fellation, mais
cette fois, elle s'arrêta alors que mon sexe était parvenu difficilement à
l'érection. Elle se retourna, me présenta ses fesses, et baissa sa petite
culotte:
"Viens,
prends-moi!"
Je
restais un bref instant surpris. Même si j'en rêvais depuis notre première
rencontre, je n'espérais plus bénéficier d'une telle invitation de la part de
Nicole. Je commençais d'abord timidement à lui caresser les fesses, puis,
enhardi et très excité, je me plaçais derrière elle et commençais lentement à
la pénétrer. Un long gémissement de Nicole m'encouragea à continuer. D'abord
lentement, je commençais à aller et venir entre ses fesses. Progressivement,
encouragé et excité par les soupirs de mon amie, j'accélérais le mouvement. Peu
après, sans pouvoir retenir un cri, je jouissais pour la première fois dans le
cul de Nicole, et je m'écroulais sur elle, complètement essoufflé.
Peu
après, j'avais l'impression d'être au paradis tandis que je m'allongeais sur le
lit, à côté de Nicole. Elle se redressa, puis vint se placer au-dessus de moi
avec les yeux brillants pour m'embrasser comme jamais. Sans perdre contact avec
ses lèvres, je me redressai et commençais à la caresser sur tout le corps. Je
voulais que cet instant unique dure éternellement, et j'en voulais plus. Pendant
que je continuais à embrasser Nicole, mes mains ne cessaient pas d'explorer son
corps tout entier. A chaque fois que mes mains s'approchaient de sa petite
culotte, elle tentait de me retenir, mais finalement, je parvins à mes fins.
Je
baissais enfin la petite culotte de mon amie, mais une surprise de taille
m'attendait. Nicole recula brusquement, tentant vainement de cacher son
entre-jambe, où je découvris avec effroi un sexe masculin!
L'espace
d'un instant, incrédule, je restai incapable de réagir. Nicole semblait elle
aussi paralysée. Je lisais de l'inquiétude ou même de la peur dans son regard.
Mon
amie, voyant que je ne réagissais pas, s'approcha et posa une main sur mon
épaule. Elle tremblait, moi aussi. Sa main, toujours tremblante, commença à me
caresser.
Nicole,
progressivement, colla son corps contre le mien et me prit dans ses bras. Elle
chuchota à mon oreille:
"Tu
vois, on est pareils!"
"Mais,
comment? Comment est-ce possible?"
"C'est
compliqué…"
"Mais
tu es si féminine, si jolie, si…"
"Merci,
mais tu sais, j'ai beaucoup changé. Avant, j'étais un garçon un peu perdu… Et
puis, les choses ont changé."
"Mais
comment? Tu as la même chose que moi? Un dérèglement hormonal?"
Nicole
semblait confuse:
"Euh,
oui, enfin non, je prends un traitement hormonal de féminisation."
"Ah?
Mais alors ce n'est pas comme moi. Tu veux être une femme!"
"Comme
je l'ai dit, c'est compliqué…"
Nicole
me prit par la main, m'entraina hors de ma chambre, puis dans la chambre de
Christian, où mon ami dormait avec Agathe. Ils se réveillèrent en sursaut et
Nicole annonça dans un sanglot:
"Il
sait!"
Mes
amis m'entourèrent, me firent assoir sur le lit, et me prirent dans leurs bras.
Au bout d'un moment, Christian prit un siège pour s'installer en face de moi.
En me regardant dans les yeux, d'abord hésitant, il commença à m'expliquer:
"Il
faut qu'on t'avoue quelque chose. Mais c'est compliqué."
Effrayé
par le ton de mon ami, je lui fis signe de continuer:
"Tu
te souviens? Cette nuit où tu avais trop bu?"
"Oui…"
"C'était
une occasion unique pour moi. J'avais deux nanas magnifiques pour moi tout
seul. J'avais déjà couché avec Agathe, mais je désirais aussi sa copine."
Agathe
confirma ce que Christian me disait. Il continua:
"Je
pensais que Nicole était lesbienne, bon d'une certaine manière, elle
l'est!"
Je
me tournais vers Nicole, qui faisait timidement "oui" de la tête. Mon
ami poursuivait son récit:
"Cette
nuit-là, avec Agathe, on a réussi à persuader Nicole de me faire une fellation.
Tu n'imagines pas à quel point c'était agréable!"
"Euh,
si, je sais…"
"Ah?
Oui, bien sûr!"
Après
un petit rire nerveux, Christian continua:
"Nicole
me rendait fou! Elle m'avait fait jouir comme jamais! Du coup, je me suis jeté
sur elle et je l'ai déshabillée. Elle se débattait, mais je suis allé jusqu'au
bout, et j'ai découvert… Enfin, tu sais…"
Pendant
que Christian parlait, je regardais Nicole qui baissait les yeux.
"Elle,
ou bien il? Je ne sais pas vraiment comment dire… Elle m'a rendu complètement
dingue. J'avais déjà fantasmé sur les transsexuelles, sans savoir comment je réagirais
si j'en rencontrais une. Et là, j'en tenais une dans mes bras. Je n'avais plus
qu'une envie, c'était de coucher avec elle. J'étais excité comme jamais!"
"Et
donc, vous avez couché ensemble!"
"Non,
jamais! Nicole a toujours refusé, et Agathe la soutenait totalement. Tout ce
que j'ai obtenu, c'est de pouvoir coucher avec Agathe en présence de Nicole…
C'était la dernière fois que j'ai touché une femme!"
"Hein?
Pas possible! Tu as passé presque tous tes week-ends avec Agathe dans ta
chambre!"
"Oui,
mais c'est Nicole que je désirais… Ou quelqu'un comme elle…"
Agathe
intervint:
"Alors
j'ai dit à Christian qu'il devait se trouver un transsexuel, ou, plus simple, un
garçon à féminiser. Je lui ai raconté comment j'avais féminisé Nicole… On s'est
dit qu'il n'était peut-être pas nécessaire de chercher très loin."
Un
interminable moment de silence s'installa, avant que je comprenne avec horreur
ce qu'Agathe essayait de me dire: je ne souffrais pas d'un dérèglement
hormonal, mais mes amis me faisaient prendre contre ma volonté des hormones
féminisantes!
"Mais,
c'est impossible! Sylvie est médecin, elle aurait remarqué que ce n'était pas
naturel, que ce n'était pas un simple dérèglement hormonal!"
Agathe
me prit dans ses bras:
"Ma
pauvre chérie, Sylvie est au courant de tout. Elle m'a aussi aidé à féminiser
Nicole!"
Je
ne sais pas ce qui me rendit le plus furieux. Le fait que mes amis avaient
comploté ainsi contre moi, le fait qu'un médecin pouvait être leur complice, ou
le fait qu'Agathe s'était permis à l'instant de me parler au féminin.
Je
la repoussai violemment, couru vers ma chambre où je m'habillai en vitesse,
avant de remplir un sac de voyage avec quelques affaires et de fuir dans la
nuit.
En
pleurant, je courais vers la gare. J'allais prendre le premier train possible
pour rentrer chez mes parents. Dans le hall de la gare, je grelotais de froid
en attendant le train. J'étais bouleversé, et incapable d'être lucide.
Après
deux heures de voyage, je m'étais calmé, et j'étais presque soulagé en passant
la porte de la maison de mes parents. Hélas, mes parents, eux, n'avaient pas
changé! C'est à peine s'ils me demandèrent pourquoi j'étais là, sans avoir
prévenu que je rentrerais. Une fois de plus, je ne pouvais qu'assister à l'un
de leurs perpétuels conflits. Chacun de mes parents me prenait à témoin pour
reprocher à l'autre ses défauts, réels ou imaginaires. Ils se disputaient, et
n'écoutaient pas ce que je pouvais avoir à leur dire. Ce n'était pas la
première fois que j'assistais à une telle scène, mais là c'était trop!
Pleurant
de frustration et de rage, je me précipitai vers ma chambre où je pris les
rares affaires qui pouvaient encore m'être utiles, avant de repartir comme
j'étais venu.
Je
marchais au hasard dans la rue pendant plusieurs heures, sans savoir où aller.
J'étais complètement frigorifié et j'avais faim. Je n'avais rien mangé depuis
la veille. Je m'assis sur un banc pour essayer de réfléchir.
Où
pouvais-je aller? Retourner chez mes parents? Pour y faire quoi? Je ne pouvais
pas poursuivre mes études sur place.
Devais-je
retourner à l'appartement? Retrouver ceux que j'avais fait l'erreur de prendre pour
mes amis?
Je
n'avais plus confiance en eux. Mais à qui pouvais-je faire confiance?
Je
n'avais pas d'autre choix, je dépensais mes derniers Euros pour acheter un
billet de train de retour.
Dans
la nuit, je rentrais finalement à l'appartement, fiévreux et épuisé. Christian
était là. Sans un regard pour lui, je m'écroulais sur le divan en grelotant.
Christian
s'approcha de moi, visiblement très inquiet. Je tentai faiblement de le
repousser quand il me prit dans ses bras et me souleva pour m'emmener dans la
salle de bain. Il me déshabilla et me fit prendre une douche très chaude. Après,
il m'enveloppa dans son peignoir, trop grand pour moi, mais dans lequel je
n'aurais pas froid. Il me frotta vigoureusement le dos et les épaules pour me
réchauffer. Pendant tout ce temps, il ne cessa de répéter:
"Pardon,
je n'aurais jamais dû faire ça. Tu es mon ami, et je ne t'obligerais plus
jamais à faire quelque chose que tu ne veux pas."
J'étais
dans une demi-conscience, mais je jurerais avoir entendu la voix de Christian
me dire:
"Je
t'aime!"
Alors
que je commençais à me sentir mieux, Christian me prépara un chocolat chaud,
puis, m'aida à me coucher.
Le
lendemain, je me réveillai dans mon lit. Nicole était là, à mon chevet. Elle me
tenait la main. Comme l'avait fait Christian, elle me demanda pardon. Quand je
demandai où était mon ami, Nicole m'expliqua qu'il était allé se coucher, qu'il
m'avait veillé toute la nuit. Elle voulut aller le réveiller, mais je la
retins.
J'avais
besoin de comprendre, et Nicole était sans doute la mieux placée pour
m'expliquer.
Au
cours d'une interminable conversation, je lui demandai de me raconter sa vie,
ses joies, ses peines, ses regrets. Je lui demandai comment tout avait commencé
pour elle, comment un garçon avait pu devenir une fille. Elle me raconta tout,
sans rien me cacher, de sa rencontre avec Agathe, de sa féminisation pas
complètement volontaire. Elle me parla longuement de ses frustrations, de ses
peurs, mais aussi des instants de bonheur qu'elle partageait avec Agathe…
(Note
de l'auteur: Vous pourrez trouver tous les détails de la vie de Nicole dans mon
histoire "les féminisatrices")
Ce
jour-là, j'étais encore très faible et fiévreux, mais je partageais plus de
choses avec Nicole que je l'avais fait avec quiconque dans mon existence. Nous
pleurions ensemble, nous riions ensemble. Je comprenais qu'elle avait vécu la
même chose que moi, avec les mêmes angoisses, les mêmes doutes. Si quelqu'un
pouvait me guider dans les choix que je devais faire, c'était bien elle.
Je
restais encore quelques jours couché. Nicole passa de nombreuses heures à mon
chevet. Nous parlions ensemble, mais surtout, nous échangions nos secrets les
plus intimes. Nicole m'avoua des choses qu'elle cachait même à Agathe, et pour
la première fois de ma vie, je parlais à quelqu'un de mes désirs et de mes
peurs les plus intimes.
Nous
parlions également de rapports sexuels. Nicole me décrivait en détails ses
nuits d'amour avec Agathe. Elle me disait comment elle passait des heures entre
les jambes de son amante, à la lécher et à la caresser. Elle m'expliquait, que
parfois, quand elle parvenait à avoir une érection malgré les hormones, Agathe
lui permettait de lui faire l'amour comme un homme. Elle me décrivait le
plaisir intense qu'elle ressentait quand Agathe la prenait par derrière avec un
godemichet ou un vibromasseur.
En
écoutant Nicole, je repensais à la fois où Agathe m'avait fait jouir,
simplement en me pénétrant avec ses doigts. Je devenais de plus en plus
intrigué par le plaisir anal.
Finalement,
après quelques jours, je pris une décision. Je confiai mon idée à Nicole, qui,
ravie, accepta de m'aider.
Quelques
jours plus tard, j'allais beaucoup mieux. Tandis que Christian était à son
travail, je passais la journée avec Nicole et Agathe pour me préparer. Nicole
était enthousiaste, et Agathe accepta de payer tout ce dont j'avais besoin.
Nous allions passer une soirée exceptionnelle, et je voulais que tout soit
parfait.
Le
soir, quand Christian rentra, il eut la surprise de sa vie en me découvrant,
debout à l'attendre entre mes deux amies.
J'étais
morte de trac. Je portais la petite robe noire qui m'avait tant fait craquer
quand Nicole l'avait essayée quelques semaines auparavant. Mes longues jambes
épilées étaient gainées de bas noirs, et j'étais perchée sur mes premiers
talons aiguille dans lesquels je m'étais entrainé à marcher une partie de
l'après-midi. Un pendentif mettait en valeur mon décolleté, où mes petits seins
étaient rehaussés par un Wonder Bra. Des boucles ornées de pierres brillantes avaient
remplacé mes boutons d'oreilles. Ma coiffure, prolongée par des extensions en
cheveux naturels, était nouée en un élégant chignon. Un savant maquillage
mettait en valeur mes yeux, tandis que mes lèvres étaient peintes du même rouge
vif que mes faux-ongles.
Christian
resta un long moment bouche bée, puis, finalement bredouilla:
"Pierre,
c'est bien toi?"
"Oui,
j'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours. Après tout, je n'ai jamais vraiment
été heureux en garçon. Du coup, je crois que j'ai envie d'essayer autre
chose..."
Avec
un clin d'œil à Nicole, j'ajoutais:
"Ce
soir, ne m'appelle pas Pierre. Appelle-moi Perrine!"
Christian
hésita un moment, puis s'approcha lentement de moi. Sa main me prit le menton,
et il posa ses lèvres sur les miennes.
………………………
Deux
ans ont passé. Alors que Christian dort à côté de moi, je me remémore mes
premiers instants en femme. Je n'ai jamais regretté ma décision de changer
d'identité.
Je
vois toujours Nicole, ma meilleure amie. Nous couchons encore ensemble, parfois
devant Christian, pour l'exciter. Je vois moins souvent Agathe, qui s'occupe
beaucoup du bébé qu'elle a eu. C'est amusant à dire de cette manière: Nicole
est devenue papa!
Je
n'arrive pas à dormir. J'admire les reflets qui se forment sur le diamant que
je porte au doigt à la lumière de la pleine lune. Ce soir, Christian m'a
demandé de l'épouser!
Je
crois que je vais dire oui…
Petit
Pierre
Wow, c'est une belle histoire. Je crois que je vais la garder en mémoire pour la relire plus tard.
RépondreSupprimerEn la lisant, je me suis demandé si je serais capable d'en écrire une aussi belle.
Merci Frenchie!
RépondreSupprimerIl ne faut pas hésiter à écrire des histoires si tu le souhaites! J'ai débuté en écrivant les histoires que j'aurais aimé lire... fais la même chose! :-)
J'aime beaucoup beaucoup merci.
RépondreSupprimerAyako, merci pour tous vos commentaires!
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